E. DEL/MARS N. I. Vavilov a joué un rôle immense dans les travaux concernant l'évolution et la sélection. Les travaux de 1. V. Mitchourine ont eu une importance remarquable, surtout dans le domaine de l'hybridation lointaine (Pravda, 4 février 1965). Ainsi, pour la première fois depuis trente ans, N. I. Vavilov, victime de Lyssenko, « ennemi du peuple » dont le nom ne pouvait pas être prononcé, avait trouvé dans un discours officiel sa juste place historique, au-dessus même de Mitchourine, découvert par lui. Et Keldych de poursuivre : Néanmoins, dans bien des branches de la biologie, et tout d'abord en matière de biologie moléculaire et de génétique, nous sommes très en retard. L'utilisation pratique des plus grandes réussites de la science soviétique, notamment en agrochimie et en génétique, a été freinée chez nous au cours des dernières décennies. Le monopole détenu par un groupe de savants mené par l'académicien T. D. Lyssenko, a grandement nui au développement de la biologie. Ce groupe rejetait nombre de théories les plus importantes de la science biologique en imposant ses propres thèses qui, très souvent, ne .correspondaient ni au niveau actuel de cette science ni aux faits expérimentalement établis. Ces thèses trouvèrent leur expression la plus éclatante à la session de la VASKhNIL, tenue au mois d'août 1948, au cours de laquelle on nia, entre autres, les succès les plus importants obtenus en génétique, en imposant de force des conceptions parfaitement erronées concernant l'espèce et la formation des espèces. Au cours des années qui suivirent cette session, on employa des méthodes de pression administrative pour implanter ces thèses erronées. De nombreux savants furent obligés de renoncer à travailler dans leur spécialité. On limita les sujets de recherche dans les établissements scientifiques. Les succès scientifiques les plus importants furent exclus du programme des écoles secondaires et supérieures. Cet état de choses a grandement retardé la création et l'utilisation pratique des variétés à haut rendement de maïs hybride, ainsi que l'emploi des polyploïdes et autres moyens nouveaux de sélection. Le refus des apports nouveaux de la génétique a également nui à la médecine (ibid.). Mais, tout en dénonçant les méfaits de Lyssenko, le Parti n'oublie pas qu'il lui a décerné six décorations de l'ordre de Lénine et le titre de héros du travail socialiste. Le Parti ne peut pas se tromper complètement : Tout en condamnant le monopole naguère détenu par Lyssenko et en récusant ses thèses erronées concernant maintes questions essentielles de biologie, nous ne devons pas rejeter en bloc tout ce qu'il a accompli. Notamment, selon plusieurs savants éminents, sa thèse du développement par stades des végétaux possède une valeur scientifique. Certains sélectionneurs utilisent également les procédés préconisés par lui. Nœnmoins, la position exceptionnelle què détenait l'acadmicien Lyssenko n'est plus possible. Toutes les thèses doivent ~tre librement discutées et soumises normalement à la vérification. Si, en biologie, nous ~ns une atmosph~re aussi saine que celle existant dans les autres scicn~es, nous exclurons toute possiBiblioteca Gino Bianco 225 bilité d'un retour à la situation anormale dont nous avons souffert dans le passé (ibid.). PEUT-ON IMAGINER pire affront pour un régime qui se targue d'être à la pointe du progrès scientifique, qui glorifie à grand fracas les vols de ses vaisseaux cosmiques, que de voir le président de son Académie des sciences réduit à souhaiter, en février 1965, la liberté de discussion scientifique, laquelle existe depuis si longtemps en Occident ? Le nouveau président de la VASKhNIL, Lobanov, ex-lyssenkovien repenti à temps, reprit le même thème quelques jours plus tard en déclarant au correspondant de l'agence Tass : Il est indispensable de développer la doctrine de Mitchourine, de l'approfondir et de la rendre plus féconde. Elle doit être débarrassée de tous les apports étrangers et de la gangue dont on l'a revêtue (Komsomolskaïa Pravda, 18 février 1965). On sait que Lyssenko se référait constamment à la doctrine et à l'autorité de Mitchourine, mort en 1935, dont il s'était fait l'exégète exclusif. Il n'hésitait point à attribuer ses propres vues à Mitchourine et à falsifier la pensée de ce dernier, en fait beaucoup plus proche de Vavilov que de lui-même. Les doléances de Lobanov sont identiques à celles de Keldych : Les succès des savants de la VASKhNIL eussent été bien plus considérables si, à leurs travaux créateurs, n'avaient été mis les empêchements que nous connaissons. Les hypothèses étaient souvent imposées comme des axiomes, sans une vérification expérimentale suffisante. On ne prenait pas les mesures nécessaires pour emeloyer à grande échelle les méthodes et découvertes de ~ biochimie, de la biophysique, de la microbiologie, de la physiologie et autres sciences connexes, lesquelles permettent d'explorer plus profondément les lois de l'évolution des organismes vivants et d'étudier les structures les plus fines et les processus moléculaires dans la cellule (ibid.). Quant au premier secrétaire scientifique du présidium de l'Académie des sciences, N. M. Sissakian, biochimiste de renom, il n'avait consacré au cas Lyssenko qu'une douzaine de lignes de son volumineux rapport sur l'activité de l'académie en 1964 : Le développement de la génétique ( ...) a été considérablement retardé du fait des opinions dogmatiques et ~rbitraires de certains savants. ( ...) Ceux-ci propageaient des vues qui ne correspondaient point au niveau actuel de la science. Ils ne tenaient aucun compte des résultats obtenus par la biologie classique en particulier la remarquable découverte de Mendel~ Ces savants, détenteurs d'une situation exceptionnelle s'opposaient à ce qu'on discute librement leurs thèses' ainsi qu'au développement d'autres conceptions dan~ la biologie. Cela a retardé l'évolution de plusieurs branches importantes de la biologie...
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