OTTO ULC de chasse dans la rue Veleslavinova, à quelque deux cents mètres du palais de justice. Parce qu'il était resté dans sa boutique et avait ainsi assisté à l'émeute, on lui infligea une peine de . cmq ans. Le cas le plus révoltant, cependant, fut celui des enfants d'un fermier nommé Kroupa, originaire d'un village des environs de Pilsen. Quelque temps avant les émeutes, on l'avait étiqueté comme koulak, arrêté et condamné à la confiscation de ses biens ; on lui avait de plus imposé de se transporter, lui et sa famille, dans le nord de la Moravie. Il s'était trouvé que ses deux enfants étaient venus à Pilsen le l 11r juin pour consulter un avocat qui défendait les intérêts du père. Les bureaux de tous les avocats étaient alors concentrés dans une coopérative d'hommes de loi dans la rue Sedlackova, juste au coin du palais de justice. Les jeunes Kroupa y allèrent sans savoir ce qui se p~ssait et ne participèrent en aucune façon aux désordres. Cependant, on les traîna au banc des accusés simplement parce qu'ils portaient les stigmates de fils d'un ancien koulak. L'emplacement malheureux de la coopérative des hommes de loi fournit également aux autorités un prétexte pour arrêter et condamner l'un des membres de la coopérative, le docteur Hegner, qui était particulièrement détesté du Parti. Le cas du o•· Hegner, à son tour, mettait tous les avocats de Pilsen dans l'incapacité de prendre la défense des rebelles aux procès : on invoqua pour cela les risques d'une « attitude partiale ». Ce qui n'empêcha nullement les juges Tlapak et Fikerle, qui avaient fait usage d'armes à· feu lors de l'invasion du palais de justice, de présider sans vergogne le procès de ceux qu'ils avaient tenté d'abattre. Biblioteca Gino Bianco 223 Finalement, la rébellion servit de prétexte au régime pour appliquer des sanctions non judiciaires (dites administratives) à la bourgeoisie de Pilsen. Des centaines de familles habitant dans les rues où les manifestations avaient eu lieu furent chassées de leur maison : on leur accorda généreusement un délai de huit heures pour faire leurs bagages et on les transp1anta à la campagne, principalement dans l'ancienne région-frontière des Sudètes. La révolte de Pilsen fut ainsi réduite à un incident de caractère local. Elle n'avait jamais eu une chance de réussir et elle n'eut pas de résultat positif tangible. La politique du Parti demeura inchangée et les moyens employés pour mener la lutte de classes ne firent que se durcir. Les agents de la police secrète guérirent de leurs blessures et la seule perte enregistrée du côté gouvernemental fut le commandant Balek, chef régional du S.T.B. (le grade de commandant du S.T.B. équivaut au grade de général dans l'armée),. qui fut relevé de ses fonctions et nommé commissaire aux transports du comité régional national. Cependant, cette révolte bizarre et maintenant presque oubliée demeure unique au moins en ceci : armés de leurs seuls poings nus et d'un beau courage, les ouvriers de Pilsen mirent à bas l'édifice du pouvoir totalitaire communiste dans leur ville. Bien que cela n'ait pas duré plus de deux jours, le Parti, avec tous , ses moyens, avait ressemblé à s'y méprendre à un tigre de papier. ÜTTO ULC. (T \duit de l'anglais)
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