216 l'énergie atomique, rappelait récemment .les paroles de Mao à Khrouchtchev : « Je pense que la moitié de l'humanité périrait [dans une guerre future] et peut-être plus de la moitié. Si la moitié de l'humanité était détruite, l'autre serait toujours là [dans quel état ? ] , mais l'impérialisme serait entièrement détruit et il ne resterait plus que le socialisme sur la terre » (Figaro du 19 juillet 1965). Paroles démentielles, mais mûrement réfléchies, réitérées ensuite de diverses manières. Qn journal de Beyrouth, Al Anwar, le 6 avril dernier, publiait un~ déclaration de Mao à une délégation arabe : « Vous n'êtes pas seulement deux millions de Palestiniens face à Israël, mais cent millions d'Arabes (sic)... Les peuples ne doivent pas être effrayés si leur population décroît au cours des guerres de libération, car par la suite ils bénéficieront de périodes pacifiques au cours desquelles ils pourront se multiplier. La Chine a perdu vingt millions d'habitants dans sa lutte_... » Les sinologues n'ont pas tort d'enseigner que les Chinois font peu de cas des vies humaines. Le maréchal Lo Jui-ching, chef de l'état-major général, opine dans la même veine que Mao sans hasarder de chiffres : « Traitant de la guerre à l'ère atomique, il écrivait qu'un tel conflit causerait sans aucun doute de lourdes pertes, mais aussi éduquerait le peuple », note M. Mark Gayn dans le Times de Londres (12 juin 1965). Chou En-laï a tenu des propos analogues. Tout dernièrement, c'est Soekarno qui déclare : « L'Indonésie emploiera la bombe atomique s'il le faut dans sa lutte contre les impérialistes » ( 17 ·août). Il n'a pas de bombe, ni d'impérialistes à combattre, et il fait allusion à une problématique solidarité chinoise, mais veut montrer à son tour que les Américains.ne lui font pas peur. Ils font d'autant moins peur que leur corne d'abondance a versé plus de dollars et de « surplus » aux pays dont le régime les insulte et les défie, où leurs consulats et « centres culturels » sont lapidés, incendiés, mis à sac. Loin de vouloir passer la camisole de force aux énergumènes en délire qui supputent avec tant de dé~involture les hécatombes d'une guerre future, ils ont soin de les ménager sous de futiles prétextes en s'interdisant de pousser leur « escalade » au-delà de résultats qui aboutiraient à bâcler un compromis précaire. Tandis que cette « escalade » arrêtée d'avance à mi-chemin est interprétée par les défaitistes du monde entier et leurs suiveurs de toute espèce comme annonçant l'holocauste final où sombrerait la civilisation plus ou moins chrétienne. Les Chinois, instruits en physique par les Russes et les AméBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL ricains à courte vue, ont réussi deux explosions nucléaires de type expérimental, dont le bruit n'a pas fini de retentir au profit de leur prestige en Asie, de leur chantage partout ailleurs. Au stade des réalisations pratiques, on a peine à imaginer ce qu'ils oseront se permettre. Toute la population en Chine est, dès 1'enfance, éduquée, façonnée, préparée aux derniers sacrifices en prévision de la guerre à venir contre les Etats-Unis, et les mauvais bergers de ce troupeau fanatisé se rient du « tigre de papier » qui, au lieu de les mettre pour longtemps hors d'état de nuire, leur promet l'impunité quand ils redoublent de provocations et de menaces. Si l'Oncle Sam ne se ressaisit pas à temps, Hitler et Staline feront presque figure d'enfants de chœur, comparés aux Tchinjis Khans modernes munis de bombes atomiques. L'inertie de l'Oncle Sam devant l'hostilité ouverte ou sourde, grondante ou chuchotée, que suscite sa politique extérieure en action et en inaction s'aggrave encore des incessantes contributions américaines à cette hostilité croissante en Europe et dans nombre de pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique pseudo-latine. La presse et la télévision mercantiles des Etats-Unis diffusent force récits et images d'horreurs qui rendent si particulièrement odieuse la guerre du Vietnam et que la propagande communiste utilise au maximum pour en imputer la charge aux seuls Américains sans rencontrer d'obstacle ni de réplique. Les crimes du Vietcong, assassinats, tortures, mutilations, bombes qui tuent dans les rues et les restaurants de Saïgon des femmes et des enfants vietnamiens inoffensifs, ces crimes inexpiables passent quasiment inaperçus alors que les malheurs de la guerre témoignent unilatéralement de la barbarie américaine aux yeux du public abusé. Les pétitions humanitaires qui se couvrent de signatures dans les universités dûment noyautées aux Etats-Unis viennent nolens volens à l'appui de cette vaste machination dè guerre froide où participent les faux « neutres », les soi-disant « non-alignés » qui s'alignent ou « non-engagés » qui s'engagent, le prétendu « tiers monde » qui n'a rien de tiers et qui se rallie au monde communiste en toute conjoncture importante. Il ne manquait qu'une péripétie comme l'affaire de Saint-Domingue, :tortuite ou non, pour contribuer à l'immense levée de boucliers qui isole de plus en plus les Américains dans leur effort militaire de dissuasion rendu nécessaire par l'inefficience des méthodes périmées de persuasion en ce temps si cruel de coexistence pacifique.
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