QUELQUES LIVRES .c'est en fin de compte le problème de la structure économique des houillères, laquelle ne semble pas, un an après, avoir fait des progrès vers une solution. • Comme chez M. S. Mallet, les vœux de l'auteur vont à des syndicats d'entreprise très intégrés qui, connaissant bien la situation de celle-ci, seraient plus efficaces que les organisations nationales appliquées à une politique des revenus plus théorique que réelle. Peut-être les salariés peuvent-ils y trouver leur compte, à condition que, suivant les méthodes américaines, cette activité soit coordonnée et n'aboutisse pas à un néo- . corporatisme. L'auteur s'en prend aux conventions nationales signées dès 1951 dans le textile. Or celles-ci ont rendu des services dans une industrie chancelante et elles ne sont nullement incompatibles avec de futurs accords d'entreprise. Aujourd'hui, de tels accords sont passés dans les entreprises prospères. On ne voit pas en quoi l'obligation légale de reconnaître un syndicat d'entreprise aboutirait à multiplier le nombre des accords. Leur nature contractuelle n'a de valeur que s'ils résultent d'un équilibre de forces ou de di~po_sitionsqu'aucune loi ne peut décréter a pnon. Mais où donc l'auteur veut-il en venir? Citant les propos lénitifs d'un dirigeant communiste le 6 juin 1962, il s'agirait en fait, par le canal de sections syndicales C.G.T. « assagies », de légaliser - voire de rendre obligatoires - les responsables communistes dans les entreprises. Ce serait, au niveau des entreprises, la même tactique qu'au niveau du gouvernement : jouer à la démocratie, tant qu'on est le plus faible. Ensuite ... Nul ne conteste que la classe ouvrière se transforme, que l'importance des cadres grandit et qu'un jour ils revendiqueront des responsabilités. Mais il serait dangereux de confondre ces phénomènes avec l'utilisation que le P.C. espère en faire pour asseoir sa domination. M. C. Les malheurs de Clio Histoire du Parti communiste de l'Union soviétique. Moscou, s.d., Editions en langues étrangères, 827 pp. Nous SOMMES en présence d'une nouvelle édition, revue, modifiée, raccourcie et augmentée de cette Histoire dont il a été rendu compte en 1961 dans la présente revue (n° 2) et- dont la version russe avait fait l'objet d'un article de Leopold Labedz dans notre n° 1 de 1960. Cette fois, le volume que Moscou nous envoie n'est pas daté, précaution compréhensible car l'encre ayant servi à l'imprimer n'était pas encore sèche que, déjà, plusieurs passages importants se trouvaient périmés, en vertu de décisions plus récentes prises à Moscou, par exemple au sujet des terres vierges dévirginisées en Asie centrale. B"blioteca Gino Bianco 187 Sur l'historique de cette Histoire, le lecteur voudra bien se reporter aux deux articles précités. Le difficile, pour rendre compte de la nouvelle édition, est de ne pas trop se répéter. Mais le moyen de faire autrement, alors que plus cela change, plus c'est la même chose? L'équipe d'historiographes en service commandé qui a produit ce gros livre, forte de onze membres, est restée la même, à deux noms près, ce qui n'a aucune importance car ces personnes sont interchangeables, faute de personnalité. Le rédacteur en chef, B. Ponomarev, et son collègue I. Mintz, vétérans de l' « école stalinienne de falsification», assurent la continuité de cette chose inqualifiable en aucune langue, heureusement illisible (on ne peut que la perlustrer en diagonale, aussi vite que possible). Çà et là, le regard accroche une phrase qui dissuade de lire de trop près. Ainsi, p. 624 : « ••• Churchill donna l'ordre au maréchal Montgomery de rassembler les armes des troupes allemandes qui capitulaient et d'être prêt à les redistribuer aux hitlériens pour un combat commun contre l'Union soviétique."»P. 679 : « ••• Les milieux impérialistes, ceux des Etats-Unis d'Amérique au premier chef, suscitèrent une émeute contre-révolutionnaire en Hongrie » (il s'agit de l'insurrection du peuple hongrois en 1956). P. 757 : « Ce sont les Etats-Unis d'Amérique qui de nos jours se présentent comme le bastion de l'impérialisme et de la réaction mondiale, le premier exploiteur international, le gendarme universel, l'ennemi des peuples du monde entier, qui offre son soutien aux régimes les plus réactionnaires, les plus tyranniques. » Qui parle de progrès, depuis Staline? Autres échantillons. P. 759: Les partis communistes, en 1960, « avaient mis en déroute l'idéologie révisionniste dans leurs rangs et condamné à l'unanimité la version yougoslave de l'opportunisme international». P. 765 : Le XXIIe Congrès du P.C. russe « a souligné la nécessité de continuer à dénoncer les théories et les actions du révisionnisme contemporain, qui ont trouvé leur expression la plus concentrée dans le programme de la Ligue des communistes de Yougoslavie ». Si Mao n'est pas satisfait, qu'est-ce qu'il lui faut? Le culte de la personnalité de Lénine coule à pleins bords de_la première à la dernière page : Lénine a tout dit, tout prédit, tout vu, tout prévu, · et les « principes léninistes »· alternent avec les « normes du léninisme» qui, sans discontinuer, succèdent aux vues géniales de Lénine. Les répétitions pullulent au point qu'on a l'impression d'avoir, un instant plus tôt, déjà lu ce qui passe sous les yeux : il faudrait une machine électronique pour en faire le tri et les computer. L'autoapologie ne connaît ni freins ni bornes : le Parti a toujours raison, accumule les tours de force, ne cesse de réaliser des prodiges, y compris le « resserrement de l'unité du mouvement communiste mondial ». Mais tout à coup, p. 761, on ne sait pourquoi ni comment: « Toutefois les diri-
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