E. DELIMARS En dehors des conférences et des sauteries, il existe d'autres moyens de passer le temps de façon intéressante. Or le Komsomol s'occupe en premier lieu des problèmes qui concernent l'économie nationale et s'inquiète trop peu de l'éducation esthétique et morale, abaissant ainsi le niveau culturel des jeunes. En outre, certains traits négatifs chez les jeunes s'expliquent par les conditions mesquines de leur vie quotidienne, en particulier par celles du logement. Pour l'artiste du peuple Pachennaïa, la médiocri~é de, l'é~ucation ~st pour beaucoup dans les traits negatifs de la Jeunesse : «Certains enseignants sont au-dessous de leur tâche, les autres sont trop jeunes pour gagner l'estime des étudiants. Trop souvent les instructeurs renoncent à défendre les principes, à soutenir leur point de vue et font aux élèves des concessions inutiles et fr~quemment nuisibles. Cela ne fait que rendre les Jeunes trop présomptueux, trop satisfaits d ) A eux-memes. » Remèdes proposés QUANT aux moyens de remédier à la triste situation présente, tous les correspondants s'accordent à reconnaître la nécessité absolue de rééduquer de fond en comble la génération montante. Ils ne varient que dans les modalités proposées. Pour le maréchal Malinovski, le problème est déjà virtuellement résolu, car « le meilleur moyen est indiqué par la loi bien connue sur le resserrement des liens entre l'école et la vie. L'essentiel de cette loi est de combiner l'instruction avec le travail de production socialement utile et d'intensifier l'éducation. » Le ministre Biélodied, qui n'ignore rien des difficultés d'application pratique de ce principe, se contente d'affirmer que « ces moyens consistent à organiser rationnellement, en collaboration avec la famille, l'instruction et l'éducation dans les établissements préscolaires, dans les écoles des trois degrés, à intensifier l'influence exercée sur la jeunesse par le «collectif», par l'ambiance générale idéologique et par le travail de production, et surtout à intensifier le rôle de la littérature et de l'art». Stroumiline croit toujours que les belles qualités peuvent être « inculquées à la jeunesse par le système tout entier de l'éducation communiste poursuivie depuis la crèche et l'école-internat Jusqu'aux brigades de travail communiste et les communes vivantes de l'avenir». Mais, dans la réalité soviétique, où peut-on trouver des éducateurs capables de mener à bien cette lourde tâche, car, selon Pachennaïa, « les responsables de cette éducation doivent être des hommes au-dessus de l'ordinaire, nullement superficiels et aimant vraiment leur besogne... On sait qu'il n'est pas donné à chacun d'être un bon éducateur. » Instruit par l'échec de quarante années de régime soviétique en matière d'éducation, Stroumiline Biblioteca Gino Bianco 25 se méfie visiblement de l'influence néfaste de la famille, du point de vue communiste. Aussi fait-il passer l'enfant de la crèche à l'école-internat, afin de l'isoler de ses parents et grandsparents. En attendant la possibilité, problématique et fort lointaine, de réaliser cet isolement à une échelle suffisamment vaste, l'ouvrier Borodouline affirme que ... ...la responsabilité des parents dans l'éducation de leurs enfants doit être accrue. Il faut prendre les mesures les plus sévères contre ceux qui négligent cette éducation ou qui mènent eux-mêmes une vie immorale. Un grand rôle doit être joué par les organisations publiques et par les entreprises où travaillent les parents des jeunes délinquants. Le Komsomol doit surveiller de très près toutes les familles de cette catégorie et chacun de leurs enfants, afin d'exercer une pression sur eux. Pour Issakovski, c'est également le Komsomol qui doit agir en premier lieu, mais de plus ... ...un grand rôle revient aux journaux, aux livres, aux périodiques illustrés, aux films et à la radio. Celle-ci est particulièrement importante pour l'éducation des jeunes, car ses auditeurs se comptent par millions ... Malheureusement, trop souvent elle est au-dessous de sa tâche. Il y a fort peu de bonnes émissions pour la jeunesse. Les programmes sont fréquemment ennuyeux, pleins d'une mièvrerie écœurante ou bien trop criards. Ils n'émeuvent personne. Quant aux chansons, les paroles et la musique sont trop souvent d'une banalité qui répugne aux jeunes. Chez tous les correspondants, il n'a été question jusqu'ici que d'intensifier et de perfectionner les moyens que le Parti utilise depuis si longtemps pour couler la jeunesse dans le moule uniforme de l'homme soviétique nouveau; il ne s'est agi que de l'influence éducative du Komsomol, de l'école, de l'entreprise, c'est-à-dire de toutes les variétés possibles du « collectif » dans lequel doit se fondre la personnalité individuelle de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte. Aucun n'a paru se rendre compte que cet effort de standardisation p~ov<?quechez de !1om~reux jeunes gens une reactton plus ou moins violente, source réelle de tant de traits négatifs de la jeunesse soviétique. Seuls, les deux artistes du peuple Akimov et Raïkine, plus clairvoyants ou moins prudents, apportent un autre son de cloche, beaucoup plus révélateur. Pour le premier, il faut que la jeunesse « puis~e ~onstruire résolument son propre mode de vie, inconnu de l'ancienne génération. Il faut, par exemple, qu'elle soit capable d'être ~aie sans ~voir recours à la vodka. Un groupe de Jeunes 'lui saura fonder une telle tradition rendra un service immense à la patrie et à lui-même. Il est certes fascinant de s'envoler vers la Lune, mais il est encore bien plus fascinant d'établir ici, sur la Terre, des us et coutumes considérés comme justes. » Au lieu d'imposer par la contrainte son prC?premo~e de vi~ aux jeunes, l'ancienne génération.« doit les traiter avec respect, elle doit faire un tri en leur transmettant ses traditions, et , ,
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==