24 · fournis par le Komsomol 6. En 1960, on comptait en Ukraine 23.000 détachements (Pravda Oukraïny, 17 fév. 1960) et au Kazakhstan 4.000 détachements, groupant 132.000 membres ( Kazakhstanskaia Pravda, II mars 1960), etc. Pourquoi Afanassenko, ministre de !'Instruction publique de la République fédérative de Russie (R.S.F.S.R.), a-t-il ordonné en mai 1961 d'interdire les examens de fin d'études secondaires aux élèves dont la note en « conduite » est inférieure à 5 ( soit au « parfait » de l'échelle russe), et de faire figurer cette note dans le certificat de fin d'études, sinon pour fermer l'accès à l'instruction supérieure à tous les jeunes gens dont la conduite n'est pas irréprochable ? La presse soviétique de ces dernières années est pleine de comptes rendus des méfaits, délits et crimes commis par des jeunes. Dans les rues de Pskov, « il y a des ivrognes tous les soirs. Les bandes rivales de jeunes hooligans se font la guerre, chaque soir il y a des querelles et des rixes. Aucun milicien n'ose s'aventurer seul dans la rue 6 • » A Saratov, le tapage nocturne des hooligans réveille toutes les nuits les citoyens paisibles ; une bande organisée a même tenté d'assassiner un lieutenant de milice 7 • Et il ne s'agit point là d'éléments criminels proprement dits, mais de jeunes komsomols et membres du Parti « atteints de hooliganisme », nouvelle épidémie sociale : Il existe chez nous une couche de gens instables, potentiellement prêts à se comporter en hooligans. Ils sont atteints de bacilles du hooliganisme; de temps à autre, ces « hooliganocoques » envahissent leur sang et corrompent leur âme. La maladie manifeste alors ses symptômes repoussants 8 • Les sévères mesures de répression prescrites en 1960-61 restent sans effet contre cette « épidémie » qui s'étend toujours davantage. Les « détachements de volontaires » eux-mêmes se sont montrés parfaitement inopérants contre ce fléau de la réalité soviétique et le comportement de leurs membres ne leur gagne point la sympathie de· la population, pour laquelle cette « élite d'édificateurs du communisme » n'est souvent qu'une nouvelle source de brimades et de sévices qui vont parfois jusqu'au crime 9 • 5. Chiffres fournis par Pokrovski, secrétaire du comité régional du Parti de Léningrad dans son article : « Le XXIe Congrès et les questions de l'éducation communiste des travailleurs », in revue Questions de philosophie, Moscou, n° 8, août 1959, pp. 17-32. 6. Outchitelskafa Gazeta, 25 mai 1961. 7. Komsomolskaia Pravda, 20 sept. 1961. 8. Komsomolskafa Pravda, 25 aofl.t 1961. 9. Voir l'article : « Griserie du pouvoir chez la jeunesse communiste de !'U.R.S.S. », in Est et Ouest, Paris, n° 269, 16-31 déc. 1961. iblioteca Gin·o Bianco , _ L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Causes du malaise D'ou vient cette situation lamentable et que faire pour y remédier ? Pour le maréchal Malinovski, le mal vient de ce que « les étudiants, jusqu'à ces temps derniers, n'étaient pas inclus dans le travail de production, on ne leur avait pas appris à estimer le travail, ce qui constituait la violation du principe socialiste : Celui qui ne travaille pas ne mange pas.» Pour le ministre Biélodied, « tout cela doit être attribué à l'influence insuffisante qu'exercent sur les enfants la famille, l'Etat et le "collectif", au manque de rigueur dans l'éducation». Pour l'ouvrier Borodouline, le mal est dû au - fait que... ...une partie de la jeunesse reste négligée par les organisations publiques et en premier lieu par le Komsomol, ainsi que par les parents, amis et camarades · de travail plus âgés. Si le jeune travailleur sent que ses camarades d'atelier s'intéressent à lui non seulement quand il est à l'établi, mais aussi pendant les loisirs (...) il ne se met pas à boire et à se comporter en hooligan. Le principal encouragement aux mauvaises actions est le manque d'intérêt pour l'âme du jeune, ses besoins, ses conditions de vie et de travail, y· compris son salaire qui représente lui aussi un élément très important. Non seulement le Komsomol, mais tous les dirigeants doivent s'occuper de ces problèmes. A l'opposé, Nina Doumbadzé pense que les enfants sont trop gâtés, qu'ils ont la vie trop facile et, de ce fait, ne savent pas apprécier à sa juste valeur tout ce que l'Etat met à leur disposition. Pour eux, tout cela leur est dû. « Ils ne s'imaginent point combien c'est coûteux et difficile à obtenir pour les jeunes des autres pays. » Plusieurs autres correspondants développent le même point de vue : « Les parents gâtent trop les jeunes et font naître chez eux l'indifférence et la paresse, qui sont à l'origine de tant d'autres défauts encore trop fréquents : abus de l'alcool, actions immorales, etc. Les parents trop occupés ou négligents ne surveillent pas leur progéniture et ne participent point à sa vie quotidienne » . (Kapp ): Le poète Issakovski pense que « certains parents élèvent mal leurs enfants et dès leur jeune âge les habituent à l'oisiveté. Dans certaines familles, on ne laisse pas un rejeton presque adulte brosser lui-même un grain de poussière sur sa manche. » Et d'ajouter « l'influence du milieu bourgeois philistin, pour nous étranger. Elle vient de l'extérieur, mais malheureusement elle existe aussi dans notre pays. C'est fort regrettable, mais nous avons encore beaucoup de gens qui dans Jeur for intérieur sont toujours des petits bourgeois. » L'académicien Stroumiline pense que le mal vient « du développement insuffisantdans notre vie quotidienne de moyens plus sains et plus attrayants qui permettraient aux jeunes de mieux employer leurs loisirs »; et l'arti~te Raoone souligne la mauvaise organisation de ces derniers : ·· _
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==