LE NATIONAL-COMMUNISME ARABE par Joel Car1nichael EPUIS QUELQUES ANNÉES, une nouvelle constellation se dessine dans la politique mondiale. On peut la décrire comme une convergence apparente, ou une coordination des· activités du bloc soviétique et des dirigeants actuellement au pouvoir dans les pays de langue arabe. Cette constellation, visible pour la première fois en 1955 lors de l'accord tchécoégyptien sur une livraison d'armes, a connu des hauts et des bas. 11 ne s'agissait alors que d'un élément isolé dans le jeu fort complexe des grandes puissances. Néanmoins on peut affirmer que pour plusieurs raisons l'Union soviétique, ou le bloc soviétique dans son ensemble, est devenu désormais un facteur dynamique de l'évolution sociale et économique du Moyen-Orient. La compréhension de ce .phénomène a été quelque peu retardée par la tendance - peut• être inévitable - à ne considérer que les aspects les plus superficiels d'événements dont la valeur intrinsèque est pourtant considérable. Ainsi, ce qui a retenu le plus l'attention depuis un an ou deux, en ce qui concerne le Moyen-Orient, c'est l'attitude des chefs nationaux arabes à l'égard des partis communistes du cru. Or, comme ces attitudes ont notablement varié, il est devenu difficile d'évaluer l'influence que le régime soviétique en tant que tel a pu exercer sur cette région du monde. En outre, des observateurs pourtant compétents - pour ne rien dire de la presse internationale - ont eu tendance à concentrer leur attention sur les partis dotés d'un statut légal, sur les déclarations officielles, sur les prises de position diplomatiques, etc. Il a donc parfois été malaisé de saisir, par exemple, ce que la répression du parti communiste dans certain pays du Moyen-Orient pouvait signifier dans la perspective plus large des rapports de ce pays avec l'Union soviétique en tant que grande puissance. Plus généralement, il y a eu un malentendu fort répandu, d'origine essentiellement doctriBiblioteca Gino Bianco • • nale, à l'égard des facteurs culturels historiques qui jouent dans les relations entre le nationalisme arabe, mouvement politique, et le communisme, système théorique. Ce malentendu résulte surtout d'une vue abstraite de l'islam, professé par la grande majorité des peuples de langue arabe, et également d'une vue abstraite du communisme. Comme l'islam est mal compris en dehors des pays à population musulmane, et que l'arabe est une langue difficile, la plupart des observateurs occidentaux ont été à la merci d'érudits qui, jusqu'à ce que les événements récents se chargent de leur infliger un démenti, soutenaient que l'islam était immunisé de manière congénitale contre l'influence de la doctrine communiste. En même temps, on prétendait que la doctrine marxiste-léniniste déterminait toute la façon de penser des dirigeants soviétiques, donc leur politique aussi bien intérieure qu'inter.- nationale. Il est évident que si ces vues étaient fondées. la grande influence que l'Union soviétique a exercé ces dernières années sur le Moyen-Orient deviendrait à peu près inexplicable. Mais on peut démontrer, au contraire, que ni les rapports variables entre les partis communistes locaux et les divers régimes nationaux, ni l'action mutuelle de l'islam et du communisme sur le plan purement idéologique n'ont grand-chose à voir avec l'influence croissante de l'URSS dans la vie politique du Moyen-Orient. <c Que faire ? » SI NOUS ÉTUDIONS le problème à la lumière de la situation concrète où étaient placés les dirigeants des nouveaux répnes en formationdans le Moyen-Orient, il devtent clair - et c'est bien cela qui importe - que le prestige de certaines institutions comm11nistes tenait précisément à leur effi.caclt~dans lesdites conditions du Moyen- • • •
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