338 propre parti ou mouvement, ce qui produirait un glissement vers un mode instable de gouvernement de coalition et de compromis entre les groupes politiques, comme on l'a vu dans certains pays de l'Asie du Sud. Enfin, même là où l'élite gouvernante - comme par exemple dans le cas du parti du Congrès indien - aurait assez de prestige pour se maintenir longtemps sans recourir à l'autoritarisme, le rôle de l'opposition, bien que légale et reconnue, tendrait à s'amenuiser en raison des faibles perspectives immédiates qu'elle aurait de partager les fruits du • pouvoir. Dans chacune de ces trois éventualités, les comm11nistespourraient se trouver en meilleure posture qu'aucun autre groupe de l'opposition. Dans la première - celle d'un régime autoritaire - leur expérience de l'activité clandestine et le soutien extérieur dont ils jouissent leur donneraient de plus grandes chances de survivre politiquement. Dans la deuxième éventualité - celle d'un gouvernement de coalitions changeantes - les frustrations et le mécontentement populaire nés d'un tel système feraient directement leur jeu, en particulier là où la tolérance politique du régime leur permet d'opérer au grand jour. Enfin, dans la troisième éventualité - celle d'une oppositicn limitée - l'organisation et la discipline des communistes leur permettraient plus facilement qu'à d'autres de conserver leur efficacité en tant qu'opposition pendant;une période prolongée, en attendant d'être en état de s'emparer des rênes du pouvoir. Il faut ajouter • - , Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL qu'en Afrique les comm11nistes n'ont . pas à craindre l'intervention de l'armée professionnelle puisque les nouveaux États n'en possèdent pas encore. Seule l'administration représente un pouvoir de rechange possible, mais elle manque d'assise dans les masses. D'autre part, la nouvelle stratégie de Moscou crée elle-même certains handicaps pour les mouvements comm11nistes. La politique soviétique tendant à soutenir et à courtiser les régimes nationaux et les mouvements nationalistes africains les oblige à accepter la concurrence paci- .figue et la persuasion comme moyens de parvenir au pouvoir. Cela gêne bien entendu leur liberté d'action tactique et les contraint de mettre leurs espoirs dans le ralliement des masses, ce qui n'est pas toujours facile pour un parti fortement doctrinaire. De surcroît le fait que la nouvelle ligne soviétique n'ait pas empêché les régimes nationalistes de la République arabe unie, de l'Irak, ainsi que de certains jeunes États africains, d'intervenir avec vigueur contre les mouvements communistes locaux, peut amener Moscou à réviser toute sa politique pronationaliste en assignant de nouveau aux divers P.C. un rôle plus indépendant et agressif. Si le flirt communiste avec le ,nationalisme devait prendre fin, l'infiltration et la subversion deviendraient probablement une fois . de plus le pivot de la stratégie communiste en Afrique. (Traduit de l'anglais) DAVID T. CATTELL. ,
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