314 On retrouve sous tous ses aspects une persé- .cution qui laisse aux victimes « l'impression d'être tombés aux mains d'une bande de chasseurs de têtes atteints de folie » (Scholner). Dans la dernière partie de l'ouvrage, Paul Barton dresse le tableau des grandes grèves qui se déroulèrent dans les camps, des amnisties partielles et des satisfactions accordées aux revendications les plus élémentaires des déportés dans la période qui suivit la mort de Staline et l'exécution de Béria. Il en arrive ainsi au temps où « l'institution se défait ». En tout état de cause, il conclut au maintien du système concentrationnaire. La société soviétique ne pourrait être déchargée de l'accusation qui pèse toujours sur elle que par l'examen total et sans réserve du passé et du présent des camps de concentration. Encore réduite à la contrebande, l'information devrait pouvoir s'excercer en toute liberté. GÉRARD ROSENTHAL. Le parti communiste polonais JOSEPH KOWALSKI : Zarys historii polskiego ruchu robotniczego w latach 1918-1939 (« Précis d'histoire du mouvement ouvrier polonais de de 1918 à 1939 »). Varsovie 1959, Ed. Ksiazka i Wiedza, 338 pp. M. K. DZIEWANOWSKI : The Communist Party of Poland. An outline of History. Cambridge, Massachusets, 1959, Harvard University Press, 369 pp. IL n'est certainement pas aisé d'écrire l'histoire du parti communiste de Pologne. L'organisation était clandestine durant presque toute son existence. Après des dizaines d'années, on ne parvient pas à retrouver les véritables noms de ceux qui . . ' . ,.. prirent une part active aux congres, n1 meme des nombreux membres des comités centraux successifs. Certes, la clandestinité n'explique pas à elle seule que tant d'événements, de dates et de noms aient pu s'égarer sans laisser de trace. L'assassinat des militants polonais marquants, perpétré de 1934 à 1938 sur l'ordre de Staline, l'anathème jeté par l'Eglise stalinienne sur le P. C. polonais, enfin la dissolution inattendue de celui-ci, au printemps 1938, amenuisent les possibilités de connaître son histoire. C'est seulement à partir de 1956, après que le parti communiste de Pologne eut été officiellement « réhabilité », que les milieux iµtéressés de Varsovie se mirent à recueillir et publier des souvenirs de survivants, militants « de base », à éditer et rééditer différents textes et documents. Après une interruption de vingt-cinq années, reparut l'ancienne revue trimestrielle Z Pola Walki Biblioteca Gino Bianco LE CON1'RA T SOCIAL (<< Du champ de bataille»), « consacrée à l'histoire du mou.vement ouvrier ». A l'occasion du 4oe anniversaire du P. C. P. (fondé le 16 décembre 1918), une synthèse a été pour la première fois tentée. Elle est due à Joseph Kowalski, un des dirigeants. de l'Institut d'histoire du parti. Jusqu'ici, seule la première partie, comprenant la période 1918-19~~' a ,ét~ p~bliée. Le titre de l'ouvrage - « Prec1s d histoire du mouvement ouvrier polonais» - est d'ailleurs trompeur. En fait, il n'y est question que du parti communiste, dont l'histoire est racontée sur la toile de fond des événements de l'époque. Les sources manuscrites et imprimées auxquelles l'auteur se réfère sont assez modestes. Cela, en dépit des archives fort éclectiques de l'l?stitut d'histoire du parti qui rassemble depuis des années tout ce qui concerne directement ou indirectement le mouvement communiste en Pologne, jusqu'aux documents ayant avec celui-ci un rapport très discutable, telles les archives de l'état-major de l'armée. Bien qu'en progrès par rapport aux historiens de l'ère stalinienne, J. Kowalski n'a pas tout à fait renoncé à l'esprit moralisateur à l'égard du passé de ses prédécesseurs, à leur interprétati?n schématique, ni à l'idolâtrie de• certains faits historiques. Cependant, il fait montre d'une qualité fort appréciable et jusqu'ici bien rare dans ce genre de publications communistes : il donne un ouvrage lisible qui peut être consulté non sans profit. Avec ce quarantième anniversaire coïncide également la publication aux États-Unis de l'ouvrage The Communist Party of Po/and, de M. K. Dziewanowski, historien américain d' origine polonaise. On ne peut que se réjouir de l'intérêt que le sujet suscite en Occident, d'autant plus que malgré certains changements survenus en Pologne, il ne semble pas que l'on puisse espérer rétablir de sitôt dans ce pays une entière liberté des recherches historiques, particulièrement en matière de mouvement ouvrier. M. Dziewanowski, qui a le grand mérite de n'avoir pas été rebuté par une tâche ardue, remonte très loin dans le passé pour trouver l'origine du parti communiste. En ouvrant son livre, le lecteur se replonge dans les premières manifestations du socialisme chez les Polonais de « la Grande Émigration» (après 1831), établis en France et en Angleterre. Lorsqu'il le ferme, il laisse la Pologne « d'après Octobre» avec Ladislas Gomulka au pouvoir. Étudier 'un laps· de temps aussi étendu, comprenant des périodes jusqu'ici peu ·ou point explorées et très différentes par la durée et par le caractère, n'a pas été une entreprise de tout repos. L'auteur a fait de son mieux pour rassembler la documentation nécessaire. D'une manière objective et exempte de toute passion, il a évoqué
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