Le Contrat Social - anno III - n. 5 - settembre 1959

L1expérience communiste MÉTAMORPI-fOSE DE LA << NOUVELLE CLASSE >> • par Ernst Halperin 'ÉLITE POLITIQUEdes pays sous dictature communiste a été baptisée « nouvelle classe » par Milovan Djilas. Il s'agit, selon lui, du produit d'un mouvement de masse des classes exploitées, ouvriers et paysans, qui comprend un noyau - l'appareil du parti dictatorial - autour duquel gravitent favoris et parasites. Le parti communiste est dans l'État la seule source du pouvoir et l'unique détenteur des moyens de production. Il dispose en maître de la vie des citoyens. Djilas ajoute que la position de l'individu dans la hiérarchie sociale dépend essentiellement de la distance qui le sépare de la source du pouvoir, c'est-à-dire de la direction du Parti. Le statut politique et la situation économique ne sont pas déterminés par la formation et les qualifications professionnelles, mais par l'appartenance au Parti, par l'importance des relations politiques., par le flair et le sens de l'intrigue - bref, par le talent politique au sens le plus grossier du terme. Le destin personnel des self-made men de la nouvelle classe est ainsi étroitement lié au sort du Parti et tous leurs efforts tendent par la force des choses à consolider et à étendre le pouvoir de celui-ci. Djilas brosse ainsi un tableau précis de la mentalité de cette classe, sans toutefois aborder le problème de son évolution future. Les communistes eux-mêmes ne peuvent échapper au rythme de la vie et de la mort et l'heure viendra inexorablement où la· première génération ,qui a fait la révolution aura disparu de la scène. En même temps aura changé la composition sociale du · parti révolutionnaire sur lequel la classe dirigeante prenait appui. Le parti des pauvres et des exploités sera devenu celui <:lesprivilégiés qui, • Biblioteca Gino Bianco dans la société industrielle soviétique, sont membres de l'intelligentsia. Ces modifications devront tôt ou tard se réfléter dans la composition sociale de la direction du Parti et de la classe dirigeante tout entière. Les self-made men de la révolution seront progressivement relayés par des gens d'une extraction., d'une éducation et d'une formation , . supeneures. La nouvelle classe de Djilas est un phénomène transitoire ; avec le temps, sa suprématie sera de plus en plus menacée par une catégorie sociale différente., que nous nommerons la nouvelle classe moyenne ; elle comprend les techniciens, directeurs., ouvriers qualifiés et autres spécialistes de toute société industrielle moderne. Naissance d'une classe LANOUVELLCELASSEte.,lle que Djilas l'a définie., doit ses caractères aux circonstances historiques qui l'ont engendrée. Malgré des traits fondamentaux , ·communs à la nouvelle classe des différents États communistes., on peut distinguer un certain nombre de différences déterminées par les conditions sociales et politiques des années 40. De la nouvelle classe yougoslave., Djilas luimême fut un membre en vue. Au début de la deuxième guerre mondiale le parti comm11niste était en Yougoslavie n11mériquement faible mais bien organisé~ Au cours du conflit les communistes réussirent à mettre sur pied un puissant mouvement de partisans qui., dès l'origine, ne se contenta pas de mener une lutte implacable contre l'occupant, mais fut encore un instrument de révolution sociale. Composé en majorité de montagnards du Karst., contrée la plus déshéritée

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