Le Contrat Social - anno III - n. 5 - settembre 1959

• A. MARTIN se réduisent à l'analyse des rapports des tribus et peuples coloniaux avec les colonisateurs, alors que la véritable histoire du continent est pratiquement ignorée. Mutatis mutandis, la critique peut être retournée. Pendant longtemps, la littérature soviétique a décrit les peuples africains comme de simples pièces sur l'échiquier impérialiste. Ces temps derniers, un rôle plus actif leur a été attribué. Cependant, le critère principal n'est toujours pas le développement interne et l'intérêt national de chaque peuple étudié, mais son utilité potentielle dans la lutte commune contre l'Occident. L'héritage culturel des peuples africains est loué en terme généraux et abstraits : on le prétend égal, voire supérieure à la tradition occidentale. Très rares sont les écrivains africains contemporains traduits en russe, en dépit des nombreuses conférences culturelles patronnées par l'URSS au bénéfice des pays sous-développés. L'intérêt croissant des Soviétiques est flatteur pour les Africains, il serait faux de ne lui prêter qu'un caractère saisonnier et de n'y voir qu'un aspect de la guerre froide. Comme il est virtuellement certain que l'URSS se heurtera tôt ou tard en Afrique aux difficultés qu'elle connaît déjà dans l'Asie non communiste et au Moyen-Orient, les théories fondées sur une constellation poliBibliotecaGinoBianco 285 tique spécifique mais passagère sont destinées à disparaître. Il est des limites à l' « esprit de Bandoeng» et si les gouvernements africains se déclarent en faveur d'une vraie neutralité dans les affaires mondiales en se refusant à favoriser chez eux la montée du communisme, un certain refroidissement de l'enthousiasme soviétique semble inévitable. L'intérêt pour l'héritage historique et culturel africain faiblirait du même coup. Si les plus en vue parmi les chefs africains ont été, à un moment ou à un autre, membres du parti communiste ou sympathisants, peu d'entre eux le sont encore aujourd'hui. On peut admettre que l'Union soviétique et les partis communistes éviteront désormais les erreurs commises dans leurs rapports avec le garveyisme ou le nationalisme bantou. Dès à présent il existe d'étroites limites à la coopération entre l'URSS et les pays nouvellement promus à l'indépendance ou les forces nationalistes à la tête du mouvement d'émancipation. Le conflit est inévitable : l'Union soviétique ne voit dans le neutralisme et l'indépendance qu'un stade transitoire de la prise du pouvoir par les partis communistes, alors que les dirigeants africains envisagent l'avenir de façon toute différente. ( Traduit de l'anglais) ANTHONY MARTIN . • •

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==