Le Contrat Social - anno III - n. 5 - settembre 1959

284 des attaques qui avaient cours il y a cinq ou six ans; il faut faire la part des arrière-pensées de Moscou quant au caractère désirable d'une telle unité ... L'ESSENTIELdes recherches est consacré à l'heure actuelle aux problèmes de l'Afrique occidentale. Des études sont en cours sur Le Développement économique et la lutte du peuple de la Nigeria contre l'asservissement impérialiste après la deuxième guerre mondiale, ainsi que des monographies sur Le Libéria sous le joug du monopole américain et La Lutte des peuples du Ghana pour l'indépendance, etc. Il est plus difficile qu'auparavant de découvrir en quoi le tableau est déformé (omission, emphase ou falsification pure et simple), étant donné que les matériaux utilisés sont plus sérieux et plus nombreux. Par exemple, trois références à l'islam contenues dans le texte original sont oubliées quand on cite la fameuse description du royaume ghanéen par El Bekri 32 • Les experts sont parfois divisés sur des points tels que le problème des classes dans certaines régions . de l'Afrique centrale ou bien encore l'existence de relations féodales en A.-O.F. 33 • Cependant, dans les affaires courantes, le changement d'attitude des auteurs soviétiques est bien marqué. Le Dr Nkrumah et son parti, violemment dénoncés il y a seulement quatre ans, sont désormais loués pour leur combativité et leur fermeté à l'égard de l'impérialisme britannique 34 • L'opposition ghanéenne, au contraire, est accusée de vouloir perpétuer, avec l'aide des autorités anglaises, l'ancien ordre social et économique de caractère patriarcal et semi-féodal 35 • Lorsque I. Potekhine visita le Ghana en 1957, il le trouva, selon ses propres termes, dans une situation difficile, due à l'héritage du colonialisme : retard économique, développement unilatéral de l'agriculture, analphabétisme et persistance de l'emprise impérialiste. « Le marché intérieur est très réduit en raison de la pauvreté générale et il n'est pas question pour le Ghana de se faire une place sur . le marché mondial.» Nombreux sont les Ghanéens conscients de la fâcheuse dépendance économique. de -leur pays, « mais il est· pour le moment impos"'!'·. sible de développer l'économie nationale ·sans capitaux étrangers » 36 ( ce qui soulève maintes 32. Soviet Interest in Africa, dans World Today., Londres, septembre 1956, p. 357. 33. G. E. Skorov : · « L'Impériâlisme français en Afrique occidentale »; Moscou_ 1956. · · _. - ... · 34. A. Zousmanovitch : « Le prolétariat africain en lutte contre l'impérialisme», dans Sovremiennyi Vostok, 1958, no 5, p. 32. 35. I. Potekhine : « Au Ghana libéré», dans Sov. Vostok, 1958, n° 3, P· 37• 36. Ibid., p. 39. BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL questions délicates, car les économistes soviétiques ont toujours prétendu que les placements étrangers n'étaient pas souhaitables pour les pays arriérés 37 ). Une récente étude a souligné qu'en adoptant le nom de Ghana pour le nouvel Etat fondé sur le territoire de l'ex-Gold Coast, les peuples de l'ancienne colonie n'ont pas agi à la légère : Ce faisant, ils se sont reconnus comme héritiers de la culture et du glorieux passé historique du Ghana, l'un des plus vieux États de l'Afrique saharienne 38 • De même, les empires Mali, Songhai et Monomotapa ont été exhumés : après tout, les frontières coloniales n'ont-elles pas été tracées arbitrairement par les puissances européennes ? Les nouveaux États rencontent de nombreuses difficultés car, outre leur caractère multinational, ils n'épousent pas les frontières naturelles ethniques 39 • C'est pourquoi les Soviétiques font grand cas des démarcations internes du passé (et de l'avenir) ... Les récentes tentatives d'établissement de l'unité africaine n'ont pas toujours trouvé un écho favorable. « Une bonne partie du panafricanisme est complètement étrangère . à notre conception du monde», déclarait Potekhine dans un commentaire sur la co1ûérence d'Accra de décembre 1958 40 • Et de tancer le R.D.A.-pour n'avoir pas participé à la conférence, et de railler les socialistes d'Afrique équatoriale qui venaient d'adopter à Brazzaville une résolution en faveur de l'établissement d'États-Unis de l'Afrique centrale. Potekhine · critiquait aussi le « parti gouvernemental, réactionnaire et féodal » de la Nigeria du Nord et beaucoup d'autres groupements importants. Il ne ménageait pas davantage Tom Mboya et sa façon de diriger la conférence, tout particulièrement son insistance à prôner les moyens pacifiques dans la lutte contre le colonialisme. Bref, Mboya et sa politique avaient fait « mauvaise impression » 41 • * )(- )(- LES 1-fIST0RIENsSoviétiques ont souvent accusé leurs _confrères d'Occident de ne pas s'intéresser à 1' Afrique et aux peuples .africains pour euxmêmes, mais de n'y voir qu'un objet de colonisation. Selon eux, les travaux occidentaux 37. Cf., par ex., G. Mirski et L. Stepanov : « Perspectives de coopération économique entre les pays afro-asiastiques », Moscou 1958, pp. 35-40. 38. A. S Orlova : « Les Peuples africains », Moscou 1958, p. 98. . 39. I. Potekhine dans Sovietskaia Etnografiia, 1957, n° 4, pp. 103-105. 40. I. Potekhine : « L'Afrique rejette les chaînes du coloni~sme », dans Mejdounarodnaia Jiz_n, 1959, n° 2, p. 118. 41. Ibid.

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