B. SOUV ARINE lisme »,• eurent comme corollaire la création artificielle de partis communistes nationaux aux ordres de Moscou afin d'entreprendre la « lutte de classes » en permanence chez les allogènes de confession islamique. Le commissariat aux Affaires musulmanes ayant été supprimé le 19 mai 1920, ce fut le commissariat aux Nationalités dirigé par Staline qui prit en charge la « mise au pas » définitive des populations musulmanes. L'Association des athées, fondée pour combattre toutes les religions avec les moyens d'oppression et les ressources infinies de l'Etat, créa en 1924 la filiale spécialisée des Allah-Zyslar afin de mener à bien la désis- .lamisation soviétique. Au Xe Congrès du parti communiste (1920), Staline et Safarov avaient eu à dénoncer déjà les « survivances » du passé, les particularismes indigènes, le pantouranisme latent, les chauvinismes régionaux et autres « déviations » dont, paraît-il, se rendaient coupables les communistes allogènes eux-mêmes. Il fallait donc lutter non seulement contre les « féodaux », contre les « koulaks », contre les mullahs, mais en outre contre les hérétiques ou « déviationnistes » à l'intérieur des partis communistes locaux soumis à des « épurations » successives qui aboutiront à des tueries lors des grands procès de trahison d'avant guerre. La campagne antireligieuse dans les pays musulmans dut prendre un caractère de plus en plus brutal et agressif à mesure que la sourde résistance des croyants s'avérait plus efficace. Staline n'hésita pas à recourir aux grands moyens. En quelques années, 7.ooo mosquées chez les Tatares et les Bachkirs, plus de 500 au Caucase du Nord, ont été fermées, d'après les révélations ultérieures d'Iyad Ichaqui, délégué de l'IdelOural au congrès musulman de Jérusalem (en décembre 1932). L'université coranique de Samarkand fut transformée en « foyer athée », la grande imprimerie islamique de Kazan fermée, la plupart des écoles coraniques supprimées. Le Communiste, journal de Bakou, écrivait : « La mosquée de Taza-Pir sera transformée en bibliothèque, la mosquée Memedli en jardin d'enfants, la mosquée Hadj Agha Baba en crèche et celle de Kazim Bey en dortoir» (n° du 27 avril 1935). En quelques lignes, on a ainsi une idée de ce qui se passait dans tous les centres musulmans. La persécution et la déportation des mullahs, condamnés arbitrairement comme saboteurs, la dénonciation publique de la circoncision et l'arrestation systématique des mullahs circonciseurs, les poursuites contre les ulémas, la confiscation des livres saints, etc., attestent l'acharnement des autorités communistes à l'époque pour briser et extirper l'islam dans leur domaine. De cruelles épreuves supplémentaires s'abattirent sur les musulmans désarmés au cours de la collectivisation agraire forcée que le pouvoir soviétique réalisa dans les années 30. Des détachements communistes surgis à l'improviste confisqu~rentpartout le cheptel, les récoltes, Biblioteca Gino Bianco 145 l'inventaire agricole, cependant que de nombreux paysans sur la défensive tuaient eux-mêmes leur bétail et préféraient incendier leurs derniers biens, dans une résistance désespérée. Des actes de violence sans précédent ont marqué cette terrible opération à la fois politique, économique et sociale. Par milliers, des familles entières furent déportées en Sibérie, laissant d'innombrables victimes en route, et quantité de paysans fusillés sur place. Une nouvelle grande famine s'ensuivit qui, de 1932 à 1934, décima la population privée de tout secours. Les statistiques de l'URSS enregistrent alors une perte démographique de 9 millions d'individus, dont les musulmans constituaient la majeure part proportionnelle. Il est certain que sans le bolchévisme, ses exactions, ses exterminations, ses famines artificielles, l'islam compterait à présent quelque 50 mil1ions d'âmes dans les limites de l'ancien Empire. J ALA VEILLE de la deuxième guerre mondiale, l'ordre nouveau était établi et le calme revenu dans les pays musulmans de l'URSS ensanglantés et endeuillés, après les expéditions punitives, les expropriations, les exécutions sommaires et les déportations en masse. Les partis communistes locaux avaient été décapités, leurs cadres « purgés », leurs rangs << épurés». Au procès de Boukharine et Rykov en mars 1938, les deux principaux dirigeants de l'Ouzbekistan, Faïzoula Khodjaev et Akmal Ikramov, figuraient parmi les condamnés à mort. La plupart de leurs collègues périrent sans procès public, dans les pires tortures morales et physiques. Et dans les autres républiqu~s musulmanes d'Asie centrale et du Caucase, presque tous les commissaires du peuple et anciens militants communistes d'origine islamique subirent le même sort. Le régime de Staline s'était affermi au prix d'indicibles sacrifices humains et de souffrances atroces. Un silence lugubre recouvrait ces vastes contrées d'où ne venait plus aucune nouvelle. La censure la plus hermétique isolait la sixième partie du monde. Quelques groupes d'indigènes seulement et quelques gens isolés avaient pu s'enfuir à grand-peine pour se réfugier auprès de coreligionnaires musulmans en Chine, en Afghanistan> en Iran ou en Turquie. Par eux des renseignements décousus et horrifiants parvinrent en Occident sur l'immense tragédie à laquelle ils avaient participé ou assisté et survécu. On ne put que plus tard en reconstituer à grands traits le tableau • • sm1stre. Les événements de la guerre hitlérienne, à partir de 1939, détournèrent pJur un tem?., l'attention d ..s. crises interne., d... l' U ,.t S. Il y eut les p:ripéties multiples d... cin:t ann~ ... 3, les invasions, les exoj ..s. , le:, blo.;u,, 1..,. plui s
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