Le Contrat Social - anno III - n. 3 - maggio 1959

B. SOUV ARINE khanat vassal. Elle continua au ixe siècle tout le long de la Volga jusqu'au confluent de la Kama où le royaume des Bulgares, résidu des Huns, se rangea sous la bannière verte et l'autorité du khalife. Les hordes mongoles de Gengis Khan au x111e siècle balayèrent tout sur leur passage, y compris le khalifat de Bagdad, et il ne resta sur la Volga que très peu de Bulgares dont un grand nombre avait migré depuis le ve siècle vers les Balkans pour se fixer sur le Danube où ils devaient être peu à peu slavisés et finalement convertis au christianisme. Mais la Horde d'Or de Batou, le petit-fils de Gengis Khan, fut bientôt gagnée à l'islam, elle aussi, et un immense empire musulman s'étendit de la Mongolie jusqu'au Danube. Il convertit les nomades Petchénègues et Koumanes, dans la Russie du Sud, les Mariis et les Mordves, peuplades finnoises du Nord. Il allait se fragmenter .au XIVe. siècle en plusieurs khanats au cours de guerres incessantes contre les princes russes. et sous les coups de Tamerlan (Timour Leng). Au xve siècle coexistent le khanat tatare de Crimée, · subordonné à l'Empire ottoman, et qui durera jusqu'au XVIIIe siècle; le khanat finno-tatare de Kazan, qu'Ivan le Terrible annexera à la fin du XVIe siècle ; et le khanat d' Astrakhan, qui subira le même sort. D'autre part, les tribus turkmènes du Turkestan unifiées au XIVe siècle par Tamerlan, un Turc de Samark~d, forment le noyau d'un vaste empire turco-iranien musulman qui, par la conquête, finit par englober le Khorezm, le Kazakstan, la Perse, l'Afghanistan, la Transcaucasie et l'Anatolie. Mais après la mort du conquérant, il ne resta aux successeurs au xve siècle que le Turkestan dont la prospérité culturelle resplendit dans l'histoire de l'islam. Au xvie siècle, les Ouzbeks, de souche kirghize, arrivent de Sibérie et fondent un autre empire musulman qui unit le Khorassan au Turkestan. Après la mort du fondateur, le khan Mohammed Cheïbani, cet empire se disloqua en trois principautés : le khanat de Kokand que la Russie annexera en 1876, l'émirat de Boukhara et le khanat de Khiva qui vont durer jusqu'à notre , epoque. Dès le XVII8 siècle, la colonisation russe s'avance vers l'Asie centrale, d'abord à travers le pays des Bachkirs (Finno-Ougriens turquisés), puis par le Kazakstan. Les Kazaks (d'origine turque) refoulés s'insurgèrent maintes fois, jusqu'à nos jours, et notamment prirent part à la grande révolte de Pougatchev au XVIIIe siècle. Enfin, dans la deuxième moitié du x1xe siècle, les armées du tsar entrèrent à Tachkent, future capitale du Turkestan, et à Samarkand. L'émir de Boukhara et le khan de Khiva subirent le protectorat russe. Le khanat de Kokand fut annexé. Le général Skobelev acheva la conquête en soumettant les tribus turkmènes d' Achkhabad et de Merv. Au cours du XVIII8 siècle, la poussée russe s'était fait sentir de toutes parts sur les musulBiblioteca Gino Bianco 143 mans des confins de l'Empire, donc aussi au Caucase. Avant même l'annexion et la russification de la Crimée, où subsistera néanmoins un peuplement tatare islamique, l'expédition de Pierre le Grand à la frontière persane installe les Russes à Bakou. Bientôt, ce sera l'occupation du Terek. A la fin du siècle, l'annexion de la Géorgie précède de peu la mainmise russe sur toute la Transcaucasie. Au début du XIXe siècle, la Perse battue abandonne à la Russie le Daghestan, le khanat de Chirvan et celui de Nakhitchevan. La Turquie cède aussi ses possessions d' Abkhasie (Caucase du Sud). Les Russes se tournent alors contre les montagnards insurgés du Caucase septentrional, en majorité Lesghines et Tchétchènes musulmans qui résistent avec héroïsme pendant quarante ans, principalement sous la conduite de Chamil, « l'Abd el-Kader du Caucase », un cheikh qui força l'admiration de ses ennemis eux-mêmes et qu'honorait toute l'Europe. L'iman Chamil finit par tomber aux mains des Russes qui le traitèrent avec de grands égards et le laissèrent partir en 1870 pour La Mecque où il mourut l'année suivante. La Russie s'agrandit encore du Daghestan, mais il y eut d'autres révoltes dans ces régions en 1887 et 1905. Après le traité de San Stefano (1878), la Turquie avait perdu en outre, l'Adjaristan avec Batoum, Kars et Ardahan (en 1921, elle devait récupérer ces deux dernières villes). Ainsi furent englobées dans la Russie des tsars, au cours des siècles, les nombreuses populations musulmanes qui, ayant résisté à la russification comme à la christianisation, aux persécutions comme à la persuasion et à l'assimilation, se crurent devant un avenir radieux quand la première révolution russe de 1917 proclama la liberté, l'égalité et la fraternité des peuples de l'Empire, sur les décombres de l'ancien régime. EN TANT que sujets des souverains de l'Empire chrétien orthodoxe de Russie, les musulmans ne manquaient pas de raisons de se plaindre, avant la Révolution : aux doléances populaires générales (politiques et sociales) s'ajoutaient les leurs propres (nationales et religieuses). 11 y eut même des révoltes et des guérillas au Caucase jusqu'à la veille de la guerre de 1914. Cependant le tsarisme s'était peu à peu humanisé, de Pierre 1er à Nicolas II ; l'autocratie s'était considérablement adoucie, renonçant à la christianisation forcée et n'essayant plus de russifier par persuasion que des élites consentantes. Parmi les musulmans, à côté de nomades ou semi-nomades dans les steppes de l'Asie centrale, une véritable intelligentsia prospérait à Kazan et en Crimée, au Turkestan et au Cau as . La noblesse tatare et turkmène tenait on rang à la cour de Saint-Pétersbourg et pouvait ac 'd r aux plus hauts grades dans l'armée. Le kha,z de

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