. 368 de la guerre, nous rendent compte des transformations en cours dans les pays sous mandat soviétique. Le jésuitisme économique des coefficients de rendement recouvre de bandelettes les plaies suppurantes de l'homme. Le style Temps modernes est un appel aux morts qui se prend pour une .chanson de route. C'est là le signe que nous avons atteint le troisième palier de l'expression théorique marxiste : après la phase militante, puis le pédantisme 11niversitaire, nous voici dans le domaine de l'inquisition académique. Rien de tel, évidemment, avec Bruno R. qui rue et ferraille comme un damné. Sa pensée est quelquefois arbitraire, mais toujours agressive. Sa forme, capricieuse, mais souvent saisissante. Dans son livre, le manifeste, à chaque pas, empiète sur l'exposé. Cette contribution garde aujourd'hui encore un intérêt tout autre qu' épisodique, en ce qu'elle réalise le joint historique entre Sorel et Burnham. De Sorel qu'il ne nomme pas ·- mais c'est tout comme - Bruno R. retient divers éléments sentimentaux et mythiques aisément identifiables : le sens de la violence créatrice, une mythologie du travail (« la vraie et seule noblesse est celle du travailleur»), un attachement au concept national qui lui dicte de singulières complaisances envers le fascisme Tout cela, broyé et malaxé dans le creuset d'une même revendication finale (« les travailleurs doivent corriger les avortemenlii sociaux qui se nomment fascisme,nazisme, stalinisme »). Cette référence constante au correctif prolé- . tarien est d'ailleurs le trait qui distingue le mieux Biblioteca Gino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES • Bruno R. de .James Burnham. Ce dernier, lorsqu'il énonce ses propositions, considère l'avènement de la société directoriale comme un établissement durable, et surtout comme un développement rationnel nullement entaché de parasitisme. Pour Bruno R. la suprématie bureaucratique ne peut avoir ~qu'une résonance préc.aire, comme elle ne peut se fonder que sur une logique ·purement circonstancielle. Au point où nous en sommes, tout mouvement idéologique doit, avant même de songer à affronter l'avenir, régler les conflits de légjtimité issus de sa· propre histoire. Au regard du trotskisme, l'aventure stalinienne est une usurpation criminelle, une confiscation du pouvoir venue retarderet rendre incertaine - cette échéance naturelle que constitue la prise en charge de la société par les travailleurs. Pour des raisons du même ordre, Bruno R. ne saurait faire grand crédit à l'ère des organisateurs, ni voir en elle autre chose qu'un - inter calage fâcheux destiné à différer la véritable _entrée en s~ène des producteurs. Bruno R. accepte la situation de base sur laquelle Burnham va greffer sa spéculation théorique, mais il l'accepte comme la résultante de certains malheurs politiques dont il faudra quelque temps pour résorber les effets. Avec une passion qui l'honore, Bruno R. invoque, exalte et poursuit une œuvre de restauration prolétarienne. Restauration dans son sens de loin le plus beau, restauration d'un règne qui n'a pas eu lieu. GEORGES liENEIN • • , •
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