Le Contrat Social - anno I - n. 4 - settembre 1957

262 franchises, pensant que cela ôtera le ·goût des grandes; ils veulent céder une part de l'administration -- pourvu qu'on ne touche pas aux droits sacro-saints de la souveraineté absolue. Pour un temps quelconque cela pourrait aller - avec un Tzar énergique et un ministre homme de génie, les deux travaillant de toutes leurs forces à se creuser au plus vite une fosse. Des hommes médiocres ne suffiront pas à cette tâche - ils feront une réaction désordonnée, un désordre blessant, précisément ce que fait maintenant le gouvernement du Palais d'Hiver. Une constitution nobiliaire ne suffi.rait à personne, et le gouvernement sera toujours en mesure de l'écraser, s'appuyant sur les exclus, les mécontents et les paysans. Reste donc la convocation du grand « concile », d'une représentation sans distinction de classes, seul moyen de constater les désirs réels du peuple et de savoir où nous en so1nmes. C'est aussi le seul moyen de sortir sans secousse, sans bouleversement - terreur et horreur - sans torrents de sang, de la longue introduction que l'on appelle la période de Pétersbourg. La réaction aiguë qui continue n'a ni unité, ni place, ni profondeur : elle a la force en main BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL et le sans-gêne héréditaire ; elle fera des malheurs - elle ne s'arrêtera devant rien et n'arrêtera rien non plus. Quelle que soit la première constituante, le premier parlement - nous aurons la liberté de la parole, de la discussion et un terrain légal. Avec ces données .nous pouvons marcher. La route est difficile - et pour quel peuple étaitelle jonchée d·e .roses? Tous les obstacles . sont extérieurs - rien ne nous retient dans notre • conscience. Nous n'aurons ni légitimistes, ni aristocrates, ni cléricaux, ni républicains antisociaux, ni démocrates centralisateurs, ni déistes intolérants, ni bourgeois souverains dans le camp du progrès. Nous y reviendrons encore maintes fois. Mais dès à présent nous avons le droit de terminer notre article-vestibule en disant qu'il n'y a pas de raison suffisante ni de nous maudire - en nous craignant, ni de se désoler - en nous plaignant. Heureusement nous ne sommes ni si forts, ni si malheureux. ALEXANDRE HERZEN ,

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