Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

POUR LA BELGIQUE 131 des Ardennes, et les nôtres, presque tous les nôtres, ils peuvent voir, occupé par l'ennemi, le sol qui les a vus naître. Ils savent que, là-bas, dans la plaine des Flandres, dans les ruches industrielles de Liége, de Charleroi, de Lille, tout ce qui leur est cher, leurs parents, leurs femmes, leurs enfants attendent, endurent et espèrent. Comment dans ces conditions, à qui viendrait leur parler de paix, pourraient-ils répondre autre chose que ce mot des patriotes de 92, de leurs aînés de la grande Révolution : << On ne discute pas avec l'ennemi tant qu'il occupe le territoire. » Mais ce n'est pas seulement pour leur pays, pour leurs foyers, qu'ils affrontent les pires dangers, qu'ils supportent les pires souffrances. Naguère, dans les tranchées de Dixmude, un jeune soldat, un de ceux qui étaient à Liég·eet qui, socialiste militant, s'était engagé pour la guerre, me disait: << Je ne me bats pas pour le Roi, je ne me bats pas pour la Patrie, je me bats pour mon idée. » Et cette idée, cette grande idée, j'ai cru la deviner, je crois la connaître. Dans ces admirables générations d'hommes, qui vont à la mort comme on marche au triomphe, il en est des milliers qui, plus ou moins clairement, se rendent compte que ce qui est en jeu dans la guerre actuelle, c'est l'avenir même de nos démocraties, c'est la question, l'angoissante question de savoir si les peuples pacifiques sont capables de se

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