Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

L'HÉROÏSME DU PEUPLE BELGE 96 Ah! quand je songe à tout ce que mes compatriotes ont subi, à tout le mal que la Belgique, là France et la Pologne se sont vu faire, j'éprouve un sentiment d'irrépressible colère contre des hommes qui sont mes coreligionnaires politiques et qui, en Angleterre ou aux États-Unis, viennent nous dire : « L'heure est venue de faire la paix: il faut faire la paix quand même, il faut faire la paix à tout prix. Car cette guerre ne nous intéresse pas, elle n'intéresse que les gouvernements capitalistes. » A ceux qui parlent ainsi, je ne veux pas répondre moi-même, car mon témoignage serait peut-être suspect. Je veux en invoquer un autre. Il y a quelque temps, des clergymen américains se présentèrent chez un des hommes les plus respectables et les plu~ respectés des États- Unis, le Dr Charles W. Eliot, ancien président de l'Université de Harvard, et lui demandèrent de s'associer aux prières qu'on allait faire pour la paix. M. Eliot leur répondit : « Je ne saurais concevoir une pire catastrophe pour l'humanité que la paix en Europe à l'heure présente. Ceux qui prient pour cette paix assument une lourde responsabilité. Si la paix était déclarée aujourd'hui, l'Allemagne serait en possession de la Belgique et le militarisme agressif serait victorieux. Ce serait le triomphe de ceux qui ont commis le plus grand crime qu'une nation puisse commettre,

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