Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

-- 36 -- avec plus de génie au besoin que M. Ohnet, il te faudrait exalter ce RiP,n ! il te faudrait prétexter de la tour Eiffel -0ude quelque monstruosité chicagoise pour prôner « ton temps» que tu comprends mieux que quiconque? Non, · croyez-le bien, si le Poète tournait son exaltation lyrique vers le problème que vous lui proposez, il comprendrait <:eci: que le rôle où sa générosité, sa sincérité et sa prescience se pourraient complaire est tout autre que celui de chanteur d'hymnes, et que Je seul Art qui puisse germer vivace de ces temps est celui du démolisseur - et il jetterait la lyre, sans doute, pour empoigner la pioche. Mais il n'est pas né pour cela peut-être. Poète avant tout, selon son don spécial, il reste fidèle à l'héritage du Verbe qu'il doit transmettre pour de futures exaltations. Il le sait et se retire dans sa tour. Mais cc de son temps », malgré qu'il se cloître en son culte renié, il est tri,;te et tendre; le mandarinat est une fable mal comprise: on parle de fatuité, d'ambitieuse et creuse spéculation, d'égoïsme, d'admiration mutuelle, quoi encore? Je ne per- ,çois rien de cela dans cette essentielle poésie qui nous étreint d'un douloureux amour. Je ne sais pas d'homme Rlus passionnément humain, meilleur et plus apitoyé que Stéphane Mallarmé, dont la noblesse esthétique est une rédemption; je ne sais, dans l'âme de Paul Verlaine, qu'amour et prière; Rosny, d'une charité infinie, dit, de livre en livre, une loi d'amour sereine de certitude. Il faudrait voir ces choses, et, pour les voir,il faudrait surtout les sentir avant de conclure de pauvres c< interview's » à la déchéance des âmes. Aussi bien, avant de prôner ou -de blâmer un soi-disant << mysticisme », faut-il se demar,der s'il est logiquement loisible d'alourdir telles aspirations d'un terme que le passé précise et pétrifie. Avant de jubiler ou de pleurer sur« la mort de la religion, de la philosophie et de l'art», il faut s'interroger et scruter si ces mots ne sont vivants d'éternité, évoluant d'âge en âge et propres encore à désigner demain quelques formes toujours régénérées des arts, des philosophies et des religions - de même que nous sommes l'humanité comme le fut·ent ceux d'Athènes, de Carthage ou de Thèbes. BibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==