Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

- 29 - satiété. Vous ne devez point donner dans l'espoir d·une reconnaissance rémunératrice, ou d'un travail à vous utile, mais par unique amour du semblable, pour assouvir votre faim d'altruisme, votre soif du Bien et du Beau. votre passion de l'harmonie et du bonheur universel. Si l'on reproche à Ravachol le meurtre de l'ermite, n'at-il pas, chaque jour, un argument à recueillir parmi les faits divers de la gazette ? Est-il, en effet, plus coupable en cela que la société, elle qui laisse périr dans la solitude des mans,ardes des êtres aussi utilisables que l'élève des Beaux-Arts naguère trouvé mort à Paris, faute de pain. La société tue plus que les assassins: et quand l'homme acculé aux suprêmes misères arme son désespoir et frappe pour ne pas succomber, n'est-il pas le légitime défenseur d'une vie dont le chargèrent, en un instanL de plaisir, des parents insoucieux? Tant qu'il existera au • monde des hommes pour lentement souffrir de la faim jusqu'à l'exténuation dernière, le Yolet l'assassinat demeureront naturels. Nulle justice ne pourra logiquement s'opposer et punir à moins qu'elle se déclare loyalement et sans autre raison la Force écrasant la Faiblesse. Mais si une nouvelle force se lève devant la sienne, elle ne doit point flétrir l'adversaire. Il lui faut accepter le duel el ménager l'ennemi afin qu'aux jours de sa propre défaite, elle trouve dans la Nouvelle Force de la clémence. Ravachol fut le champion de cette Force Nouvelle. Le premier il exposa la théorie de ses actes et la logique de ses crimes; et il n'est pas de déclamation publique capable de le convaincre d'errements ou de fante. Son acte est bien la conséquence de ses idées, et ses idées naissent de l'état de barbarie où Yégéte l'humanité lamentable. Autour de lui Ravachol a vu la Douleur, et il a exalté la Douleur des autres en offrant la sienne en holocauste. Sa charité, son désintéressement incontestables,la vigueur de ses actes, son courage devant l'irrémédiable mort le haussent j usr1ue les :,,pleudeurs de la légende. En ce temps de cynisme et d'ironie, un Saint nous est né. Son sang sera l'exemple où s'abreuveront de nouveaux courages et de nouveaux martyrs. La grande idée del' AlBibliotecaGino Bianco

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