Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 70 vivre et se faire moderne gardée par ces deux suprêmes sentinelles du Passé, une Toute-Puissance morte et une Toute-Puissance mourante. Eh bien, cette ville, je la fuis, rien d'elle ne m'intéresse et seule m'attire cette plaine d'une si totale désolation que rien ne pourra jamais l'en arracher. Tout est perdu, tout espoir est mort, et Rome porte autour des flancs de ses murailles ruinées l'écharpe de deuil de sa campagne:· or j'attribue à mon sang franc et gaël l'intense perception des sévères douleurs qui dédaignent de se plaindre et je subis voluptueusement le charme amer de-, choses révolues. Rome fut une comète splendide qui glorieusement traversa le ciel de l'Histoire et s'est brisées contre l'énorme et compacte masse des barbares blonds. Cal' Rome ne fut pas ce que nous crûmes: c'était une entité,unemonstrueusc bureaucratie, un poulpe immense mais avec h seule consistance de son poids, et qui avait embrassé le monde de ses formidables tentacules. Or cc ne fut que peu à peu, par la propre pourriture du monstre mort de pléthore que le monde fut délivré d'un incompréhensible assouvissement. Mais comme les comètes mortes qui laissent parfois derrière elle une éblouissante trainée de lumière, cette étincelante poussière de gloire subsiste et subsistera de:; siècles encore. Car Rome a su créer sa légende et s'y survivre! PIERRE lVI. ÜLlN BibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==