Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 69 - naisse, il faut que disparaisse tout ce qu'on a voulu y mettre d'art et que seule subsiste la besogne de l'ingéniem. Ces incomparables aqueducs dont les arcs maintenant désolés vous poignent d'admiration, ces routes qui ont résisté à tant d'épreuves et semblent avoir quelque chose de la beauté de l'immuable, et ces monuments gigantesques,dénués enfin de leurs ornements, quelle sévère eL souveraine grandeur s'en dégage. Car s'il fut dans le monde un peuple qui ne comprit rien à l'art,qui le nia de toute son intelligence, ce fut bien celui-là, et vainement pour me combattre sondais-je mes souvenirs afin de trouver une grande œuvre d'art, romaine, autre chose que le travail d'un hal.Jile praticien subissant les influences hellènes. Je fouillais vainement aussi, les musées romains, dont tous les chefs-d'œuvre sont au moins des copies d'œuvres étrangères. Seul l'Antinous est un type nouveau, mais qu'y a-t-il de romain en lui? Les Romaius ne furent que d'incomparables constructeurs; leur traYail technique, quand il est déshabillé de son oripeau d'art, apparaît alors seulement, cc qu'il est, admirable. Maintenant, ces ruines, ces squelettes tristes et fiers, se dressent farouches témoins au milieu de la plaine plus triste, plus morne et plus désolée qu'eux. Et me rémémorant bien que de hier tant de souvenirs qui paraü,saient déjà si anciens, me demandant avec la crainte angoissée de ne pas trou ver de réponse, pourquoi en somme, cette Home qui ne correspond à aucun de . mes désirs intellectuels séduit cependant ma rêverie, j'arrive à cette sévère conclusion : Rome non plus que toute autre chose défunte ne se relèvera de sa ruine, et l'Italie dent elle est l'âme est un pays mort et sentant effroyablement la charogne, malgré les soubressauts qui l'agitent-soubressauts qui ne sont que les tumultueuses mêlées des helminthes qui la dhorent. Sans son putrescent diadème Rome ne serait qu'une ville infüme et sans intérêt. Si je me retourne, je verrai le Cavitole derrière lequel je devine une vie encore grouillante dominée par le Quirinal - et plus loin l'agonisant Vatican: la ville qui veut BibliotecaGino Bianco

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