Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 62 - religion mourante et quels mythes nouveaux Yont tirer d'elle leur origine. LE llIÉTAPHYSICIEN" Certrs une religion qu'on interprète ne vit plus qu'à demi; et ses jours sont comptés, comme fut présagée sous :::--éronla fin de l'esclavage, le jour où la plèbe furieuse voulut arracher aux bourreaux des esclaves que la loi antique vouait au supplice parce que leur maltre avait été a;;sassiné, bien qu'eux-mêmes n'eussent aucunement pris part au meurtre. Un culte nouveau surgit de même sous nos propres yeux, culte tout humain de la vertu et de la justice idéales, affranchies des défaillances quotidiennes et le passant inconnu de tout à l'heme qui se croit irréligieux y communie avec nous : nous Yénérons dans les morts que nous avons aimés et admirés la mémoire de leurs·etrorts, de leurs bienfaits et de leurs exemples etle sousenir nous environne de tous ceux qui vaincus sont tombés pour les causes saintes ou qui connurent la joie extraordinaire de vaincre, ayant le droitde leur côté! i\1ais l'incantation est plus tragique quand elle s'adresse aux meurtris et aux écrasés et une page, entre tant d'autres, me revient obstinément: « La religion dela cité repose rnr le souvenir de ceux qui sont morts pour elle: plebeiae Deciorum animae. 11 y aura un jour des pèlerinages vers la fosse commune où sont entassées les victimes et Yers la plaine sinistre où s'élevait le poteau sanglant. Quoiqu'on ait gratté sur les pierres la trace des balles, il y a partout, dans les carrefours et sur les places des autels invisibles, là où leur sang a rougi le sol qu'ils défendaient. « Là, dit Eschyle, là! lei encore. Vous ne les voyez pas, mais moi je les vois. »(1) LE POÈTE Chaque jour nous créons des dieux et nous ajoutons au legs héréditaire et immortel des races disparues; il y a autour de nous des fétichistes et des mazdéens qui s'ignorent, comme des sectateurs inconscients de Cakya-Mouni et de ~lohammed : il arriYe même que plusieurs religions hostiles smvivent ataviquem·ent dans une seule âme. Les (l) De la sculpture antique et modenie. Paris, 1867. B1bliotecaGino Bianco

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