Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

63 dieux dureront autant que le.s hommes, parce qn'ils sont la projection plus belle de l'humanité et que les poètes leur ont soufflé. la vie éternelle. Le culle des morts existe déjù, maintenant qu'un temple lui a étt'l dédié dans une phrase souveraine et eurhythmique. LE SCULPTEUR L'eurhyLlimie ! il me plait qu'un chrétien, peu orthodoxe hélas! ne prêche point la haine et le mépris de la beauté : mais la Hellas maternelle domine en Louis :\Iénard les images des époques barbares et. j'aime qu'il ait appelé « courtisane fatiguée» (1)l'humanité vieillie qui prenait la chair en dégoùt. J;.E POÈTE C'est le secret même de son génie : il a respecté la beauté et n'a point cru inutile de donner à sa pensée la forme définiliYe ùes poèmes. LE liRITIQUE J'ai peur que vous erriez et que la présence de rimes en quelques parties de cette œune si vaste ne vous séduise outre mesure, alors qu'elle pou1Taitpresque Youschoquer. Je me plaindrais plutôt de quelque gaucherie dans les vers de notre maître. LE POÈTE J'y reconnais comme vous un peu d'embarras, et cependant j'y trouve encore un singulier plaisir, malgré la séYérité de nos oreilles. SeraiL-ce pas pour la même raison qui faisait dire à un mystique : « La voix de la colombe est douce, non par soi, mais à cause de l'amour qu'elle signifie'?» Louis :\Iénard a compris que toute poésie était périssable qui ne rendait point Yirnnte par des images et n'incarnait pas clans des êtres sensibles une pensée métaphysique et Eupho1•ion et Prométhée cléli-i;1·é en dépit de certaines imperfections d&détail que je regrette, demeurent de nobles ébauches. Je m'y intéresse même, par une manie Yénielle, à quelques recherches techniques que l'on n'a pas assez remarquées : il y a là de larges strophes, sinueuses et compliquées, qui donnent, sans dépasser la (l) Catéchisme religieux des Wwes-pense1w.0 • Paris, 187-3. BibliotecaGinoBianco

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