Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 23 - febbraio 1892

- 60 - LE CRITIQUE 11 me semble, et j'avoue que j'aurais tort, si ce silence devait durer: mais ils le rompront, n'en cloutez pas, avec la joie factice des Musulmans, mauYais observateurs de la loi, qui rompent lo jeùne d'un Hamadan fictif. Les temps sont proches, pour Louis ;,1:énard, et parmi nous tous qui sommes ici, il u'en est pas un qui n'admire la force de sa pensée et le charme impérieux de ses paroles. LE Mi:TAPHYSICIEN C'est uneâme riche,comme cette claire nuit, de ténèbres et de splendeur. Des principes contradictoires s'y résolYent en harmonie etje ne pense pas que depuis les alexandrins, il se soit rencontré d'intelligence plus hospitalière aux religionsetaux philosophies, ces voyageuses suprème:; co-jumelles de la pensée humaine, qui marchent sur la même route depuis rorigino des choses, en affectant de s'ignorer et do se haïr l'une l'autre; et personne, je crois, ne définirait mieux Louis :\Iénard qu'il ne ra fait lui-même en cos cinq mots : « Je suis polythéiste et chrétien. » (1) Le rapprochement de termes qui semblent représenter des idées si adYerses, paraît d"abord paradoxal. :\fais il oxprimo une conception du monde singulièrement puissante et logique, et la Yaleur absolue des énergies indiYiduelles y est affirmée de la manière la plus nette. Ainsi se trouYe écartée l'hypothèse d'une cause unique, extél'ieure ou intérieure au monde, qui le diri<reou qui l'ordonne. L'uni \·ei·s apparait comme un merveifleux concert de forces libres, indestructibles, qui consentent d'elles-mêmes à des lois sans hiérarchie; et quiconque a violé la justice est nécessairement puni par la seule conscience cl'aYoil·désobéi it sa propre nature. Les occasions de péché deviennent plus fréquentes à mesure que les êtres comprennent davantage, et le mérite s'accroît avec les possibilités de faillir : il faut expier par la souffrance la faute d'avoir désiré naitre, le fait seul d'être né impliquant qu'on entre en lutt0 avec la volonté cl':wtrni et qu'on deYient un motif de douleur. Aussi l'homme, après s'être adoré dans sa gloire et sa (1) Étude sw·Leconte de Lisle, publiée <lans le journal La J-uslice, le mercredi 30 mars 1887. B1bliotecaGino Bianco

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