Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 20 - novembre 1891

- 181 - Baju. Eh bien ! - le mot agréable qu'il nous sPrait facile de dire sur l'un et sur l'autre, qu'importerait-il? Nous ne sommes ni M. Henry F. ni M. Albert D. Que les jeunes auteurs de la Conq,ue nous permettent donc d'exprimer notre sympathie, certes non exclusive, mais parfaitement raisonnable pour l'un d'eux, M. Paul Valery, que des pièces plus considérables ou mieux mûries nous ont permis d'apprécier : LA FILEU$E Lilia ... nequehent Assise la fileuse au bleu de la croisée · Où le Jardin mélodieux se dodeline; Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée. Lasse, ayant bu l'azur, de filer l'agneline Chevelure, à ses doigts si faibles énsive, Elle songe, et sa tête petite s'incline ... L'àme des fleurs parait plus vaste et primitive, De plus jeunes parfums le vol chaste s'arrose, Et des lys ont pâli le Jardin de l'oisive. Une tige, où le vent vagabond se repose Courbe le salut vain de sa grâce étoilée Dédiant, magnifique, au vieux rouet, sa rose. Car la dormeuse file une laine isolée Mystérieusement l'ombre frêle se tresse Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée. Le songe se dévide avec une p~resse Angélique, et sans cesse au fuseau doux, crédule La chevelure ondule aù gré de la caresse ... N'es-tu morte naïve au bord du crépuscule? Naïve de jadis, et de lumière ceinte; Derrière tant de fleurs l'azur se dissimule!. .. Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte Parfume ton front vague au vent de son haleine, Innocente qui crois languir dans l'heure éteinte Au bleu de la croisée où tu filais la laine! PAUL VALERY. Biblioteca Gino Bianco

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