Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 20 - novembre 1891

--:-.168-: dans le sens dépréciatif) qui eut l'instinct de la langue et le don d'écrire, le souci de créer des œuvres définitives en leur genre·, partiélles peut-être et étroites mais valables. Et pourtant quand M. de Goncourt écrit la Fille Elisa qui est uneèeuvre de haute émotion humaine, cela émeut peu, mais que M. Alphonse Daudet fasse l'Evangéliste, la sensiblerie jubile. · Je dirai plus: M. de Goncourt est tellement le seul artiste du trio naturaliste que c'est à ses procédés que recourut M. Alphon,se Daudet pour écrire Sapho. Aussi fut-ce un succès littéraire. La malechance de M. de Goncourt semble irrémédiabfe. Api·èsl'échecdes Mémoires contre qui subsistent, en substance, les objections qu'y fit M. de Bonnières au Figaro, avec une vivacité d'actualité et une âpreté de polémique qui en accentuaient fort la vérité, M. de Goncourt semble avoir peu à attendre du temps présent. Il vieillit en une sorte de demi-gloire1 · mais qu'il anticipe en pensée sur le cours des ans et qu'i imagine une époque où on s'étonnera que MM. Zola et Alphonse Daudet aient pu triompher parmi les louanges d'une basse contemporanéité, dans un fracas de pièces de cent sols qui n'ont pour valeur que de montrer la corruption du goût et qu'il se dise: Des écrits de M. Alphonse Daudet, il n.e restera rien. On préférera chercher le genre de sentimentalité qu'ils ont chez M. Coppéequi, au moins, les ·formule en vers d'une façon précise et mnémonique. Il subira d'ailleurs en ceci le sort de la plupart des écl'ivains sentimentaux qui s'adressent à leurs contemporains immédiats, et deviennent caducs aussitôt que l'accord tacite entre la manière de sentir du public et la leur cesse. Aussi chaque époque a-t-elle ses écrivains de sentiment et il est rare que le goût à qui ils répondent ait des curiosités l'étrospectives et recherche des nuances auxquelles il ne serait guère sensible chez des écrivains antérieurs. Quant aux romans de M. Zola, ils risquent fort d'être un fatras aussi désert que l'est maintenant celui de Madame Sand, qui en- est l'équivalent assez exact dans un autre ordre. De même que M. Dumas est sorti de Madame Sand, il sortira quelqu'un de M. Zola, qui résumera les qualités embryonnaires du vaste amas délaissé par le goût futur Biblioteca Gino Bianco /

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