Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

- 127 - personnages. Si l'on excepte le premier acte de la Meute, p:n quoi M. Lecomte a doté la scène d'une manière de chef-d'œune, le Théâtre Libre n'a offert de beau que des productions étrangères: La Puissance des Ténèbres et Le Cancwd Sauvage. Que l'on constate comme le succès se restrP.int au caféconcert, aux opéras-bouffes, aux exhibitions licencieuses et aux pitreries; que l'on note le dédain du public dit lettré pour les comédies de mœurs et les drames dùs aux plumes glorieuses, que l'on examine enfin, après l'épreuve de celte année et l'insuccès de tant de reprises, la valeur purement pas::;agère des pièces les plus choyées autrefois pa1·une critique brillante, et l'on admettra forcément que le théâtre cle ce siècle n'a été que chronique momentanée, futile, hors de toute formule d'a1t. La Comédie-Française joue le plus rarement possible les imitations classiques de l'anliquité, parce que cela n'attire plus. Le drame romantique avec ses rapières et ses tirades, ses poisons et ses échafauds, fait sourire les moins sceptiques, étonnés d'entendre sur la première scène française une variation de La Croix de ma Mè1•e et de La Bouquetière des lnnocents. Le théfttre sentimen~ tal, quand M. Dumas le signe, garde encore une certaine vogue; et de fait, comparée aux lamentables productions d'Emile Augier, aux minables satires de MM. Sardou et Pailleron, l'œuvre de cet écrivain mérite qu'on l'étudie. Ce qu'il y a de meilleur dans une pièce de M. Dumas, c'est à coup sù1· la préface. Débarrassée du dialo~ue un peu épais, des calembours d'usage, et de l'agaçante prétention à la noblesse, la thèse apparatt, aux premières pages, autrement vigoureuse et convaincante. Les sujets entrepris n'offrent d'ailleurs aucun intérêt esthétique. Toute l'œuv1·e se résout en un manuel de civilité conjugale et déshonnête. L'auteur y trnite des revendications du fils naturel, du droit qu'a un père de continuer la fête lorsque son fils atteint l'âge d'époux, de l'amusement qu'il est pour un célibataire de fréquenter la femme sans conduite, etc., etc ... Le procédé de M. Dumas semble simple. Il écrit une chronique asse7. brillante, deux chrcniques, trois, cinq, dix, puis il les coupe en tranches, inscrit devant les tranches un nom de femme ou d'homme, Biblioteca Gino Bianco

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