Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

L'ÉVOLUTIODRNAMATIQUE En v~rité le temps semble venu de créer un art dramatique propre à l'esprit de France. Les peuples jouissant de la considération historique possèdent tous le leur exprimé par de somptueux génies dont ils s'enorgueillissent convenablement. L'Allemagne peut se vanter de \Vagner et de Gœthe, l'Angleterre de Shake!>peare. L'Italie fêta Dante; la Grèce, Eschyle et Sophocl~; l'Espagne, Lope de Vega. Grâce à Poquelin de Molière, Pierre Corneille· et Jean Racine qui écrivirent d'après les œuvres antiques certains pastiches plein:; d'agrément et de vigueur, nous pouvons nourrir une idée approximative des plus Yieux dramaturges. Qu'on se garde toutefois de penser que le livret d'opéra sur quoi s'exerça M. Gounod traduise en quelque manière les Deux Faust de Gœtbe. De même on errerait étrangement à soutenir que les adaptations dïlamlet ou du 1vlarchand de Venise, offertes sur nos meilleures scènes par l'audace de tel et tel, pr~sentent un rapport précis avec l'âme de · Shakespeare .. Notre art dramatique, en ce qu'il a de supportable, se compose d'imitations habiles et de prosodie soucieuse. Cela tient â ce qu'il parut toujours inutile â la race gauloise d'innover esthétiquement. Les Latins vainqueui·~- lai imposèrent sa première littérature. De ce début malencontreux nous gardâmes l'habitude d'emprunter. En restaurant la pureté simple de la manière hellène. en lui infligeant une singulière apparence de propos tenus dans les couloirs de Versailles, le grand siècle conquit le BibliotecaGinoBianco

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