Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

-1!13 - gloire, que la réelle qualité du génie de monsieur de Venancourt, dont votre malice a révélé quelques vers. Vous connaissez a~surément de réputation, un certain Cunctator qui fut l'ancêtre de l'opportunisme. L'histoire rapporte que ce sagace et prudent général ne vit pas ses ·efforts appréciés équitablement, cela parce qu'il :;;avait trop attendre, et des guerriers moins subtils lui ont été préférés. Ce Cunctator a-t-il existé, je ne sais, et pour ma part j'ai toujours vn en lui un symbole _.:. ce mot ici ne vous déplaira pas, - le symbole de l'hésitation que l'on voulut proclamer vertu. Croyez-moi, Monsieur, le véritable etle seul digne opportunisme est l'enthousiasme irréfléchi, puisque c'est le seul profitable, sinon immédiatement, du moins réellement. Je n'ose vous parler des devoirs de la critique, le mot prête désormais à la raillerie, et cela, !'emarquez-le, Monsieur, parce qu'au lieu d'être employé par des hommes comme vous, dont l'intelligence et la valeur artistique sont des plu:3rares, ils ne font plus partie que du vocabulaire d'un Sarcey grotesque, mais sincère, ou de tel autre plus mince Aristarque encore. Cependant, ce deYoir existe, il en est même peu de plus mit, de mieux établi, bien que la mauvaise foi et l'intérêt mal entendu, l'aient depuis longtemps perverti : il consiste non pas à :3outenir les écoles officielles, à. approuver leurs principes, à défendre leurs théories, mais bien à leur dire : faites place aux esprits nouveaux, aux idées nonvelles. En 1830, la critique prônaitViennet et injuriait Hugo, en 1868, elle défendait Millevoye et ses descendants contre le Parnasse, maintenant elle glorifie le naturalisme aux dépens de ce qu'on appelle le symbolisme. Vous, ·Monsieur,vous avez rompu avec la tourLe qui n'a pour prétexte à sa fonction critique que son incontestable ignorance : Yous parlez, mais je crains que pour vous-même, il ne soit trop tard, et que votre silence temporisateur ne vous ait compromis. Il est cert.es assez tôt pour ceux dont vous apprenez l'existence à vos lec- • teurs, ils sont jeunes, et la gloire ne leur faillira pas - ;"t quelques-uns du moins - mais aviez-vous le temps, vous, de muser en route? Depuis des années, nous luttons tous pour des croyances esthétiques, bonnes ou mauvaises, je ne veux pas mainteBibliotecaGino Bianco

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