Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

- U;) ~ que ou parce que fille, fut instituée légataire d'une immense fortune; lui-même devient secrétllire de ministre, consul, empêche des guerres; un marquis veut l'adopter, une demoiselle de haute noblesse l'adore; ce phÉnix vit dans la bénédiction du ciel; il dit son cas à chacun; distribue le blâme, corrige son père. Alors que réclame-t-il? Vraiment, je le trouve d'une exigence! Un nom? Mais quand on le lui offre, il le refuse, pour porter celui de sa maman, afin d'exciter les bravos imbéciles des vieilles dames sentimentales. Cela frise l'algarade; et l'on se demande par quelle aberration des gens s'extasièrent sur celle parade. Dans Les Idées de Mme Aubray, la thèse propose d'épouser les filles-mères et de leur faire un sort. Elle est sublime, cette fille-mère, sublime ou si roublarde! Ah! qui ne l'épouserait!. .. par amour, du moins, de l'étude psychologique. Le Français, extrêmement naif, aime qu'on lui mente. Il veut s·~1Ltendrir à des sentiments qu'il sait assez faux pour ne pas valoir la pratique. M. Dumas a spéculé toute sa vie sur cette faiblesse. 11se proclame l'avocat des déshérités. Mais ses déshérités sont d'une gentillesse délicieuse; doués d'aisance, ils fréquentent les bains de mer et les châteaux, courent les villégiatures. Ils ne manquent ni de tact, ni de subtilité; et, comme ils sont,malgré tout, des déshérités, le ciel leur sourit et les rend bien vite millionnaires. Si M. Dumas avait eu le courage de mettre à la scène un bâtard devenu escroc par faute d'éducation et de fortune, ainsi que la plupart deviennent, sa thèse eut séduit moins facilement les auditeurs <lesloges. Dans la réalité, le malheur déprave et avilit. Pour que l'œu vre du dramaturge fructifiât, il eut fallu exhorter à aimer et relever les coupables, non pour les qualités qui les peuvent encore fleurir, mais pour réhabiliter notre conscience; car s'il est des coupables, nous seuls porto,1s la responsabilité de leurs fautes, puisque nous n'avons -su ni pré\·enir leurs erreurs, ni satisfaire .'.t leurs néces- ~~- . L'œuvre morale de l\I. Dumas reste donc aussi médiocre ·que son œuvre d'art; et c'est bien il tort qu'il arbore la tière attitude du rénovateur social. 11ne réno\·e rien parce que les types en faveur de qui il-prétend apitoyer cl-eBibliotecaGino Bianco

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