Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 18 - settembre 1891

- 101.1, symbolistes, dont c'est le grief fondamental contre l'école varnassienne, qu'elle ne parvienne presque jamais à« rien suggérer au-delà de ce qu'elle dit, ce qui la met par conséquent dans l'impossibilité d'exprimer tout ce qui ne se peut complètement exprimer», c·est-à-dire clans l'impossibilité d'exprimer ce que doit justement rechercher arnnt tout la poésie. Héaliser des caractères, des personnages de physionomie déterminée, pensaient les romantiques allemands, c'est s'en fermer dans des li mites trop étroites, c'est perdre en profondeur tout ce qu'on gagne en délimitation, c·est revenir Yers le fini, alors que le devoir du poète est de chercher sans cesse ù pénétrer l'infini. Aussi pour enx, comme pour nos poètes récents, il n·y a plus de détermination de genres; et non-seulement tonte œuvre, mais même chaqt,e partie de chaque œuvre, doit produire à la fois tous les effets : lyriques, épiques, dramatiques. Le danger auquel cette recherche appelle ,·L faire succomber en chaque instant, c'est l'obscurité; et aussi bien c'est là le reproche principal qu'on adressa aux romantiques dïl y a cent ans, comme on le fait aux symbolistes cl'aujourd'hui. li n'a d'ailleurs guère jamais paru toucher ni les uns ni les autres. Novalis pensait que seules les impressions vagues, les sensations imprécises, les sentiments divinement indéterminés, sont en puissance de faire l)ressen tir ce qu'est le bonheur, et qu ï I était clonedu derni r de la poésie de chercher à faire naitre ce genre d'impressions par du ngue et de l'indéterminé aussi clans le style, clans la contexture de l'œuvre, et parfois même dans la pensée. 11faut bien croire que ses congénères en poésie jugeaient tout comme lui, car s'il est une qualité que leurs ennemis ne leur contestèrent jamais, c'est justement celle-là. C'est d'un assentiment â. peu près aussi général qu'on a constaté che;1,nous que la plupart des écrivains symbolistes possèdent également au plus haut point ce qu'ils appellent la Yertu de l'obscurité. Poe écrivit un jour : « .L'erreur des poèt1~s novices est de se croire sublimes chaque fois qu'ils sont obscurs, parce que l'obscurité est une des sources du sublime; ils confondent ainsi l'obscurité de l'expression aYeCl'expression de l'obscur. ,> li semble bien que plusieurs des symbolistes ont négligé de se rappeler cette dernière parole de Poe. Jl est vrai que si on BibliotecaGinoBianco

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