Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 18 - settembre 1891

- 98 - spectacle nos écl'ivains symbolistes quand ils partent en guerre par exemple contre :M. Emile Zola ou bien :M. François Coppée. Et non seulement les critiques les plus acerbes des romantiques, comme Frédéric Schlegel, ne ménagèrent jamais leurs attaques aux idoles de \Veimar, mais chacun des écrivains du groupe ne manqua pas à exprimer ses sentiments d'hostilité contre une esthétique qu'ils jugeaient étroite, incomplète, presque antipoétique. Cependant c'était à un Gœthe qu'ils en avaient, c'est-à-dire à un uai grand poète malgré tout, et qu'ils reconnaissaient comme tel, malgré qu'il eùt selon eux faussement interprété le genre d'enseignement qu'il convenait de demander aux littératures latine ou grecque, malgré aussi ses préoccupations de ce que nous appellerions aujourd'hui naturalisme, malgré ses soucis d'économiste et de savant. C'est ainsi que Novalis, un des plus purs poètes qui aient été, et dont ses adver aires mêmes ont aYoué quïl avait senti et exprimé plus que personne la poésie de la poésie, a écrit de Willlelm,- rneister que c'était un Candide dirigé contre la poésie, et que ce livre, quelque poétique qu'en paraisse la composition, était anti-poétique au suprême degré. La plupart des œuvres de Gœthe apparaissaient ,l Kovalis comme douées des qualités « qui caractérisent les marchandises des Anglais, très simples, élégantes, commodes et durables. » On ne s·étonnera pas que le poète qui a encore qualifié . 1Vilhelrnrneiste1· d' « évangile d'économie politique » ait dit des poésies de Schiller qu'elles lui semblaient simplement être cc de jolies superfluités>>. Les reproches faits aux naturalistes et aux parnassiens par les symbolistes, s'ils s'attachent it des noms qu'on ne saurait guère raRprocher que par peu de points de ceux de Gœthe et de Schiller, sont cependant cl"unordre identique aux reproches que ne cessèrent de faire à leurs prédécesseurs les romantiques allemands. D'un côté comme de l'autre, on juge que ces prédécesseurs ont trop oublié que la vraie poésie est la plus haute expression de l'art littéraire, et qu'ils ont ignoré ou peu connu ce qui est l'essence même de toute poésie. Pour le cas présent, personne ne contestera par exemple que M. Zola, s'il atteint souvent une vraie grandeur épique, ait jamais BibliotecaGinoBianco

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