Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 15 - giugno 1891

- 197 - rogath·cs. Cet effort hmahlc cl'assigner il chacun le rang auquel il a droit nécessite un peu de tracasserie et d'être assez pointilleux pour distribuer la gloire en sa quo li lé intégrale.Les naturalistes ont eu un peu à souffrir do ces scrupules de l'opinion des let!rés émue de la grossière usurpation de ces médiocres prosateurs et d'un autre côté les choses Yont si bien qu'il sera peu-être inutile en France et même dangereux d'avoir été un trop mauvais poète et qu'il est loisible d'espérer que les quelques restitutions au néant les plus immédiatement nécessaires auront leur cours. C'est il cet.te déchéance que par malentendu on a attribué aux symbolistes le projet de réduire \ïclor Hugo. Cet laines marques ùe dépréciation eurent lieu à l'égard du grand poète mais elles émanaient d'universitaires difficiles qui avaient montré pour la poésie une incompétence tournée à la haine et ce serait dommage que ces itTcl\·érences fussent comptées à faux à des jeunes gens qui n'ont rien à prétendre au fücheux lustre de dét.l'acteurs de Hugo. Je crois que la situation de Hugo est celle-ci, normale, inévitable, glorieuse. Il est entré dans ce silence préparatoire où s'{,Jabore mystérieusement l'épuration d'une œuvre légHée aux siècles par la Mort. Dans fa sorte de respectueux oubli où elle semble être elle se défalque, dans l'ombre, de son surcroit inutile, les parties caduques succombent mais l'immense ruine ne s'écroule que de son superflu. Ce sourd travail est le résultat d'une critique infinitésimale et anonyme. Tout lecteur y coopère it son insu, et peu à peu, d'elles-mêmes, les assises fondamentales s'exhausseront et Je bloc d'antique splendeur écrite, et clans la vieille pierre se lira maint hiéroglyphe sublime et se verront, sculptées et sacrées par le Temps, de fortes et délicates figures. L'œu\Te sortira de ce silence conforme à une sorte d'assentiment général qui l'acceptera alors sous un aspect vrai et monumental et chacun y saluera, outre ce qu'il y pr.'.lfère,la manifestation d'un génial éclat poétique, car chacun est intéressé à voit· respecter ce dont il croit posséder en soi une parcelle aussi pour laquelle il aura le cl roit d'espérer de l'avenir le même traitement. . H. DE R.f:GNIER. BibliotecaGinoBianco

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