Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 13 - aprile 1891

- 138 - ami du commissaire, qui déclamerait contre la pl'ostitution libre et l'extension de son privilège à des asiles concurrents. On ne lui dénierait au reste, sans injustice une science spéciale en son métier. Il sut inventer les gazes de transpal'cnce excitatrice, les g1·elols pleurnichards, les jarretièl'es patriotiques et les costumes trop chastes par quoi se pimente un pen le blême cadavre du vice. i\fême rapparence de sa ganterie il pan·int à la dégui cr sous une devantme honnête qui sl'duit les hommes d'âge désireux de se faufiler inaperçus jusque l'anière boutique. L'enseigne sïntitulc A l'aD/ié Constantin, et pol'lc en exergne les palmes de l'institut. On entre ponr. un achat d'usa(Ye et l'on trouYe denière le co111ptoirles doigts experts de Pauline Cardinal ou l'œillade de Riquette. Naguère je m'assis dans la salle des Variétés. D'tlxcellents pitres débitaient la prose Meilhac-Halévy. Un public morne assistait, venu là par foi dans les journalistes qui, depuis dix ans, possèdent un cliché sur l'esprit de cette i·aison sociale et pour rien au monde n'en modifieraient les zincs. L'esprit consistait en ceci: Un monsieur dit à une femme qu'il presse de se rendre : << Yous verrez, je ne suis pas fort, mais je suis très gentil >), parodie de l'invitation courante que murmurent de hideu.;es vénus aux coins des carrefours : u Je ne suis pas jolie, jolie mais tu verras comme ..... n On a ri au poulailler. Beaucoup de dames honnêtes qui ne risqueraient pas le Moulin-Rouge pour voir la Goulue danser, goùtèrent ce plaisir au boulevard. Héjane montrait des jupons riches et des jambes plaisantes. Donc: une exhibition de dessous; les mots du ré,·erbère; cinq ou huit grimaces de Baron qui prêtent quelque vie à la syntaxe défectueuse du texte; voilà l'âme entière de ce drame monté sur un thème archaïque de mari trompé et ridicule, qui rattrappe sa fem111edans le garni final où, le plus naïvement du monde, tous les interprètes se réunissent vers la dernière scène, afin de se prendre la main en chaine des dames et saluer la claque vigoureuse. Cette besogne ignoble donne rang et fortune à qui B1bliotecaGino Bianco

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