Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

- "27"2sottise ridicule que cette proscription des joies psychiques? Kous conservons certes les agréables sensations dues aux plaisirs corporels, mais, ayant reconnu que les autres étaient d'une intensité supérieure, nous les arnns développés, parce que, plus pratiques que vous, nous tenions à des béatitudes, à des raYissements, it des extase:;, et que notre intérêt bien entendu élait de préserver ce monde initiateur, et non de le stupidement bannir, comme vous l'ayez fait. En somme, Yous êtes comme des enfants empressés à jeter les confitures dont est garnie leur tartine, pour g~rcler le seul pain sec. AYecdes convictions telles qne les nôtres, nous n'ayons aucun scrupule à supprimer ceux qui nous gênent. Nous sommes certains, étant donné leur fâcheuse constitution physique et cérébrale, de leur procurer plus tôt des bonheurs infaillibles, et de les préserYer pieusement des chagrins funestes. Et cette sollicitude est it_double entente, puisqu'elle permet d'octroyer aux Yivflnts, clignes pourtant d'attention, des facilités plus grandes à vivre. · Aussi nos guerres s'effectuent autrement que les Yotres. Quand les assemblées de statisticiens et les académies des sciences, ont établi que le nombre des in firmes et des vieillards s'accroit d'une déplorable et inquiétante façon, le conseil international se réunit et décide une ou plusieurs batailles, selon la quantité des êtres encombrants. Les peuples, quoique toujours flmis, se diYisent com·entionnellement en deux parts rivales, et la guerre est déclarée. Nous composons alors les armées aYecceuxht dont je parlais tout à !"heure, ces cagneux, tors, gibbeux, borgnes, bancals, malingreux, épileptiques, idiots, plus les ancêtres par trop déchus-il est éYiclentqu'il ne peutyaYoir d'exceptions pour les femmes, ces procréatrices. -Au jour fixé, le combat est li Hé, clans une vallée choisie d'après les règles d'une stratl'gie impeccable; les hommesvaliclesgardent jalousement les délilés et les moincll'es issues, et sont chargés de massacrer, sans cruaut{>sinutiles,tousles fuyards. Après deux journées de tuerie, on est certain c1·arriver it une. uppression totale, et de grandes réjouissances, des fêtes inouies, célèbl'ent notre propre gloire et notre sagesse. Nous sommes arrivés, par cc moyen,à supprimer ces tristes difformités et ce:s faiblesses de l'esBibliotecaGino Bianco

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