Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

- 268 - Jeurs sont destinés, et de rohustC's infirmières gagnent leur Yie à les empêcher de mourir. Le Yisage de mon interlocuteur prit une expression admirative : « Si YOS goU\·ernnnts, s'écl'ia-t-il, ont un soin si précieux de ces êtres, dont lïnutilité est flagrnnte, de quelles attentions minutieuses doivent être entourés les robustes citoyens qui traYaillent ù son bien être ou à sa. gloire spirituelle >>. Un peu confns, j'avounis que nous ressentions pour ceux-là une totale indifférence. Je ne cachais pas à ce redoutable aieul, que les poëtes et les artistes naiment dignes de ce nom, recevaient comme rétribution habituelle, des crachats au lieu de sequins, et étaient conduits à des trépas sordides : les exemples ne me manquèrent pas it lui citer. Je n'hésitai pas non plus;\ décrire l'intérieur des mines, des usines et des manufactures, où des hommei-;geignaient de l'aurore au crépuscüle, tandis que leurs fils clamaient après une pitance improbable, Nant donné leur nombre, leur appétit et le minime salaire échu chaque quinzaine. Cependant la société, éminement protectri<·e, leur aYait fait de tels nvantage:'$moraux, qu·euc pouYait se c-roirelibérée des soins matériels. Je dis alor·s les écoles fondées, lïnstrnction répandue, le souci pris de la rendre obligatoire, et de la confier à des professeurs d'une inataquablc laïcité. Par la sagesse de ce personnel d'élite, les noU\·elles couches sont élevées d"une façon solide, on extrait de leur cervelle les racines qu\111surnalurel, heureusement déchu, y arnit poussées, on les sau,·e des croyances qui leur attestaient un espoir illusoire. et lem préparaient de sures déceptions. D"autre part, des morceaux de papiers rectangulaires, de couleurs variées, permettent ;).ces tr,wa il!et11·sde manifester, ù certains jonrs, une volonté d'autnnt plus sérieuse qu·clle est généralement non avenue, mai:; en vertu de laquelle ils prnvent, d'un cœu,· joyeux, se laisser conduire suiYant une norme totalement opposée à leurs rnuloirs. L'ancêtre it qn i je narnlis ces choses, ne laissait pas qnc de m'écouter ,wec une certaine stupeur. Quand j'eus fini, il réfléchit quelques minutes puis: « Ce que Yo11sme dites la, proféra-t-il, me paraît d'une bizan-c et incompréhensible naïveté. D'un côté \·011s n1°,1tBibliotecaGino Bianco

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