8 certes pas la meilleure possible. Le monde clos se voit donc offrir sans cesse de-nouvelles chances de tirer parti des conflits qui en résultent, tout en suscitant lui-même un maximum de conflits afin d'exercer des pressions non seulement contre le monde libre, mais également à l'intérieur niême de celui-ci. A cela s'ajoute qu'une autre arme que le monde clos croyait pouvoir utiliser contre le monde ouvert : la supériorité de son économie planifiée, s'est finalement retournée contre lui. L'économie soviétique se débat en fait dans une crise permanente, et cela oblige les Russes à apporter au système des assouplissements que le• monde libre interprète à tort comme des signes de liberté, mais qui servent précisément à échapper à l'octroi d'une liberté véritable. Que ces assouplissements se révèlent finalement insuffisants pour remédier aux difficultés de l'économie totalitaire et pour répondre au besoin croissant de biens de consommation dans les Etats fermés les plus développés quant à l'industrie, c'est là une autre question, qui ne fait qu'augmenter les difficultés des dirigeants et rend plus impérative la nécessité où ils se trouvent, faute de pouvoir anéantir le monde libre par une agression militaire, de le miner par une politique spéculant sur le désir de paix et sur les sentiments de mollesse et de bienveillance qui existent partout. Contraint par l'échec de son système économique à élargir ses relations avec l'extérieur, le monde fermé exploite la cupidité des milieux d'affaires dans les sociétés ouvertes et tire parti du fait que celles-ci n'ont pas su organiser leurs échanges avec le monde fermé, en sorte que les gouvernements d'une part, les entreprises de l'autre, se font concurrence pour obtenir des commandes de l'Union soviétique et de ses satellites, .lesquels, pour leur part, ont tous organisé leur commerce extérieur. Ce mécanisme occasionne, lui aussi, des difficultés au monde fermé, parce que les communismes nationaux - attendent un traitement meilleur de la part de l'Union soviétique. Mais dans l'ensemble le processus, que le monde libre considère à tort comme une manifestation de.« polycentrisme » et le. témoignage d'une liberté croissante dans le monde fermé, est favorable à ce dernier qui reçoit ainsi du monde libre les aliments néces- . ' ~ . saires a son econom1e. Ce n'est que tout récemment que l'on a commencé à.comprendre en Amérique que le monde fermé reçoit également de la sorte ce qui est nécessaire au progrès de son armement. La mise sur pied d'un important système de dissuasion, qui immunise !'U.R.S.S. contre toute action offen- . BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL sive des Américains, n'est nullement un acte de défense, mais seulement une mesure tendant à permettre à ce pays de commettre lui-même des agressions impunies. En fait, les Russes ont utilisé la trêve que laissaient à leur économie les illusions de détente en Occident, pour poursuivre la course aux armements et s'efforcer de mettre en défaut les garanties américaines de protection de la paix. A l'heure actuelle, ils sont en mesure de pratiquer une politique de chantage et de commettre des agressions en Occident mieux qu'à l'époque où l'on a cru découvrir qu'une détente s'était produite et que la guerre froide touchait à sa fin. Quant à savoir ce que les Américains doivent faire à présent pour modifier cette situation, c'est là une autre affaire. Ce que nous voulions démontrer, c'est que le raisonnement selon lequel il suffirait de donner aux Soviétiques ce qu'ils désirent au Vietnam pour que disparaisse tout obstacle à l'établissement dans le monde d'une paix qu'ils souhaitent eux-mêmes, ne repose pas sur des faits, mais sur des illusions périlleuses et une autosuggestion trompeuse. La lutte continue. Sur tous les fronts, y compris au Vietnam. Et il faut poursuivre cette .lutte et la gagner. * * * ON EN REVIENT ainsi au Vietnam. Qu'y font donc les Américains et pourquoi se mêlent-ils de questions qui concernent l'Asie de l'Est et du Sud-Est? Faut-il rappeler que ce sont « ces Américains » qui ont délivré l'Asie de la menace japonaise? Outre les obligations générales de maintien de la société ouverte qui incombent à l'Amérique, celle-ci nous semble avoir des obligations particulières justifiant ses interventions en l'espèce. Et en matière politique, de telles obligations comportent également le devoir et le droit moral d'intervenir de façon intensive. On touche ainsi à la base politique et au fondement « éthique )> de la question. On peut évidemment combattre cette conception et reprocher aux Américains de jouer les « policiers » de la planète. Croit-o~ vraiment que le monde actuel soit un lieu si bien fréquenté qu'il puisse se passer de police? Malheureusement, il n'en est pas ainsi. Malheureusement aussi, il n~existe pas de police internationale, et les Etats-Unis ne sont pas en mesure d'en fournir une (à notre avis, jamais ils ne seront en état de le faire, mais
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