revue l,istori'lue et crililJue Je1 fait1 et Je1 iJée1 Nov.-Déc. · 1967 APRÈS LE JUBILÉ par B. Souvarine I L FALLAIT s, ATTENDRE à une jubilation outrancière des parvenus du stalinisme à l'occasion du jubilé de l'insurrection d'Octobre : déjà ils jubilaient intensément à chaque anniversaire et sous n'importe quel prétexte, tant ils se satisfont des avantages que leur procure un pouvoir dont, avec Staline, ils ont assassiné les véritables créateurs. Passés maîtres dans l'art de la mise en scène et dans les artifices de la propagande, ils devaient à A • coup sur se surpasser en une circonstance aussi mémorable. Du moins est-on fondé à le penser, même en se gardant par hygiène mentale de s'approcher du spectacle comme d'en lire les récits emphatiques, car il en :filtrait assez dans les mass media (pas d'équivalent français) de l'Occident médusé par l'imposture et le charlatanisme. · Ce qui a dépassé toutes les appréhensions possibles, c'est la bassesse de ces « guides de l'opinion publique » occidentale, singulièrement en France, qui se sont mis au diapason et au service de l'ennemi pour tromper les foules ignorantes et crédules en proposant à leur admiration le pire despotisme oriental enrobé de phraséologie pseudo-marxiste. Réaliser la réfutation méthodique des tromperies répandues pendant la « saison » jubilaire d'Octobre exigerait un immense travail d'équipe et d'amples publications que personne n'a le temps de lire, outre que les moyens matériels et autres font totalement défaut pour les mettre en œuvre : seuls les communistes et leurs alliés disposent de ressources illimitées dans leur entreprise de subornation universelle. On s'en tiendra donc ici à traiter sommairement quelques points essentiels. Il est d'abord frappant de constater qu'à propos de l'opération militaire accomplie dans la nuit du 6 au 7 novembre (de notre calendrier), la presse, la radio et la télévision dites Biblioteca Gino Bianco « bourgeoises », ont, non pas commémoré, mais célébré toutes sortes de choses excepté le coup de force bien daté, préférant s'étendre sur les « réalisations » mirifiques attribuées au despotisme soviétique tout au long des cinquante années suivantes. La vérité prosaïque ne se prêtait guère aux effusions lyriques et aux majorations romanesques dont les apologistes, mercenaires ou bénévoles, avaient besoin pour s'aligner sur le modèle communiste. Il faut donc rappeler une fois de plus qu'en ouvrant la séance extraordinaire du soviet de Pétrograd le 7 novembre, le président ayant proclamé le changement de régime put remarquer sans contestation possible : « Les habitants dormaient tranquillement sans savoir que pendant ce temps le pouvoir était remplacé par un autre. >'> Le même écrira plus tard : « Les points les plus importants de la ville furent occupés par nous pendant cette nuit décisive presque sans combat, sans résistance, sans victime » (cf. Le coup d'Octobre, plus explicite, avec paroles de Lénine à l'appui, dans le dernier numéro de notre revue). Ce président se nommait Trotski, que presque toute la presse « bourgeoise » à la dévotion des occupants actuels du Kremlin s'est abstenue de mentionner, quitte à dénicher de faux acteurs et de faux témoins du mélodrame. La réalité n'a donc eu rien de commun avec les fictions offertes au bon public toujours enclin à prendre les vessies pour des lanternes. Les tentatives de corser l'affaire en dramatisant la prise du Palais d'Hiver et l'épisode insignifiant du croiseur Aurore n'attestent que l'absence de scrupules chez les courtisans bourgeois du despotisme oriental. Par exemple le seul titre du Figaro ( 1 •r novembre) : « Le croiseur Aurol'e mouillera à l'endroit exact d'où il tira sur le Palais d'Hiver » est un mensonge qui dissuade de lire l'article. L'Aurore n'a oas
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==