QUELQUES LIVRES . Marxisme et marxistes KosTAS PAPAIOANNOU : Les Marxistes. Paris 1965, Editions J'ai lu, 512 pp. CE LIVRE,que l'auteur appelle modestement une « présentation », est en réalité un monument d'érudition et de lucidité. A une époque où, plus encore qu'il y a une trentaine d'années, on s'est habitué à parler de Marx et des marxistes sans avoir pris la peine de les lire, un ouvrage rassemblant des textes originaux s'imposait. Cela d'autant plus qu'avec le recul du temps, maints écrits jadis importants n'ont plus aujourd'hui de valeur que pour des spécialistes acharnés à scruter les nuances. On ne saurait plus demander ni aux marxistes ni aux antimarxistes de connaître tous les passages, virgules comprises, des œuvres qu'ils admirent ou combattent. Aussi une sélection s'impose-t-elle, qui en fasse revivre l'essentiel =qu'il faut connaître pour avoir le droit d'en parler. - Kostas Papaioannou s'est acquitté de la tâche avec maîtrise. Pour procéder à cette sélection, il fallait d'abord connaître l'ensemble des textes ; il fallait ensuite, pour choisir les passages idoines, en apprécier l'importance pour l'époque · présente, pour les discussions qui se poursuivent aujourd'hui. K. Papaioannou satisfait à ces deux conditions. Il commence par présenter les textes de Marx et d 'Engels consacrés à la philosophie, à l'économie, à la société bourgeoise, à l'Etat, au prolétariat, au socialisme. Il passe ensuite à la social-démocratie : la social-démocratie occidentale, la social-démocratie russe, la guerre de 1914-18 et la fin de la social-démocratie révolutionnaire. Enfin, troisième et dernière partie, le communisme. Cette partie nous mène de la révolution d'Octobre, en passant Biblioteca Gino Bianco par' les controverses sur la dictature et par la nep, jusqu'au stalinisme et au « révisionnisme ». Chaque chapitre, chaque subdivision sont précédés de commentaires situant historiquement les textes et en marquant la signification. L'auteur n'a pas cru devoir publier des extraits d'ouvrages de marxistes réformistes d'après 1918 - il le dit dès le début dans un bref Avertissement. Bien que d'abord tenté de regretter cette omission, nous ne pouvons que lui donner raison, réflexion faite : son ouvrage aurait doublé de volume, ou peu s'en faut, ce qui porterait préjudice à sa diffusion. Espérons simplement que cette lacune sera comblée par un nouvel ouvrage. Il faut surtout se féliciter de trouver dans cette vaste anthologie de nombreux textes relatifs à l' « aliénation », devenue aujourd'hui la scie de gens qui n'emploient ce terme que pour se donner l'air de connaître Marx. Il faut se féliciter aussi d'y voir figurer des pages à peu près oubliées ou que l'on ne peut retrouver qu'en faisant le tour de plusieurs bibliothèques. Mentionnons, sans épuiser la liste, la préface d'Engels aux Luttes des classes en France, souvent considérée comme son testament et qui fait figure de charte du marxisme réformiste ; un texte particulièrement suggestif de La Guerre des paysans, du même ; des extraits de lettres, d'Engels encore, précisant la conception matérialiste de l'histoire ; la déclaration de Marx à Hamann sur le rôle des syndicats ; les passages prophétiques du livre III du Capital sur le crédit (actionnariat, coopératives et managers) ; un extrait du livre d'Emile Vandervelde : Le Socialisme contre l'Etat; un texte de Karl Kautsky de 1902 sur Ja socialisation ; le célèbre article de Rudolf Hilferding sur la nature de l'économie soviétique (l'auteur indique la date tardive de sa
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