Pages oubliées A LA VEILLE ET AU LENDEMAIN DE LA RÉVOLUTION DE 1917 Un demi-siècle après la révolution russe de février-mars 1917, la pensée du public pensant se tourne immanquablement vers les événements mémorables qui déterminèrent l'écroulement d'un Empire imposant et ouvrirent de nouveaux chapitres dans l'histoire de l'Europe et du monde. Que s'est-il passé alors? Dans quel état la Russie se trouvait-elle à la veille de la révolution et quels furent les premiers actes du Gouvernement provisoire au lendemain de son avènement au pouvoir? Pour en donner quelque idée, certes insuffisante, no~s Avril 1916 L A PAIX RÈGNE quand même à l'intérieur et elle règne effectivement. - Et après? - Après la guerre ? Je n'ai aucun don de prophétie ni aucune envie d'être prophète. Après la guerre, le peuple sans doute sera las. Ceux qui ne se fatiguent pas à présent auront la force de nous offrir des articles de journaux qu'ils estimeront décisifs ; nous aurons aussi des discours, longs, à coup sûr, peut-être éloquents. De l'action ? - Je n'en sais rien, on verra. Il faut vouloir pour agir et il ne suffit pas de vouloir, une certaine habitude d'action est nécessaire, même · de l'entraînement. Je sais bien qu'il y a la guerre .. Mais la guerre n'est pas toujours de l'action, dans le sens social du terme ... La guerre, le plus souvent, ne prouve rien, ne démontre rien, sauf que les mots progrès et civilisation sont de très belles images propres à exprimer .l'ensemble de nos aspirations, mais qu'ils ne traduisent pas la réalité, qui est très laide. Pourquoi ne pas avoir le courage de se l'avouer ? Certains prétendent que la Russie manque d'hommes, non pas de combattants, de guerriers, mais de civils, d'hommes d'action, d'hommes tout court. En voyez-vous ailleurs? Là où l'on voudrait voir des hommes, on ne reproduisons deux correspondances impartiales d'un écrivain et philosophe français d'origine russe, auteur très estimé, Ossip-Lourié, adressées à la Bibliothèque universelle de Lausanne. La première, intitulée : << Avril 1916 >>, donne un rapide aperçu de la vie à la campagne. La deuxième, << Juillet 1917 >>, indique sommairement les réformes profondes décrétées dans les j premiers jours du nouveau régime. Ces pages sans prétention doctrinale n'épuisent pas des thèmes à peine esquissés, mais évoquent bien l'atmosphère de l'époque. rencontre que des mm1stres et des mm1strables. Sous ce rapport, la Russie ne diffère EOint des autres pays. Consultez plutôt les listes de ministrables qui ont circulé avant la prorogation de la Douma. Je suis pessimiste ? Non, je ne désespère pas. Tôt ou tard la Russie aura toutes les libertés qu'elle mér,ite, malgré son absence de volonté pour les prendre. Il me plaît même de croire qu'elle mettra moins de temps à apprendre à s'en servir qu'elle n'en aura mis à les solliciter. - Et la Douma? La Douma est très sage, elle a repris ses travaux, à seule fin de mon- . trer à .l'univers que son long sommeil ne l'a tyas anéantie... Ne disons pas trop de mal de la Douma. Sans doute, la volonté du peuple fut plus fidèlement représentée dans la pre:. mière et la deuxième Douma que ·dans celle d'aujourd'hui. Certes, la Douma d'Etat est la création de la· bureaucratie, c'est un paravent assez souple derrière lequel les tchinovniks accomplissent leurs actes avec plus de sûreté: que jadis,; mais le maniement de ce paravent est encore assez délicat, un mouvement trop brusque suffit parfois pour qu'un faible rayon pénètre et éclaire les ténèbres que le paravent est appelé à cacher. Si la Douma est un paravent pour les 1ms, elle est aussi une tribune pour les autres, tribune d'où de temps en temps on entend un Biblioteca Gino Bianco \
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