LE CONTRAT SOCIAL « élu» par plus de cent pour cent des inscrits, record jamais dépassé par la suite, pas même en Chine. Comment ce pourcentage record pouvait-il s'accorder avec les règles élémentaires de l'arithmétique? « A sotte question, point de réponse.» Pour interpréter cet apparent miracle, sans doute fallait-il recourir aux mathématiques transcendantales, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Pourtant aucun mathématicien communiste, pas même le très éminent professeur Jacques Hadamard en son temps, n'a risqué une explication satisfaisante. Il reste que ces« élections» presque-parfaites au Soviet suprême sont en presque complète harmonie avec le dernier « congrès» du parti communiste dont les 5.000 « délégués» ont « voté» comme un seul homme, « à l'unanimité», les résolutions qu'ils pouvaient se dispenser de lire. « Progrès» invisible à l'œil nu, alors que le 0,01 % du 12 juin se laisse discerner avec une forte loupe. On ne mêconnaît pas ici le désagrément de ces guillemets encombrants qui surchargent n'importe quel texte sérieux traitant des affaires communistes, à seule fin d'éviter les malentendus. Comm.ent s'en défaire, au moins en partie? Peut-être serait-il expédient de réinventer le point d'ironie signe de ponctuation imaginé au début du siècle par l'essayiste et romancier Alcanter de Brahm, mais qui n'est pas entré en usage, faute probablement de circonstances favorables. De nos jours, le point d'ironie devient très actuel. Avis au syndicat des typographes et aux fondeurs de caractères, sinon à l'Académie française. Biblioteca Gino Bianco 253 La Tchéka DANS SON DERNIER ARTICLE du Contrat social sur la Tchéka, notre collaborateur E. Delimars terminait en rappelant« l'enlèvement, en plein Paris, du général Koutiépov, puis du général Miller», épisodes d'activités secrètes dont l'histoire n'est pas encore écrite. Un fait, pourtant, a été révélé dans la Krasnaïa Zviezda (journal de l'armée soviétique : « l'Étoile rouge») du 22 septembre 1965 par le général N. Chimanov, qui loue le livre de Léon Nicouline ( Lame de fond) et relève certaines lacunes. Ce général s'en prend d'abord à la « bande à Béria » qui avait calomnié et exterminé d'« honnêtes et dévoués tchékistes comme A. Kh. Artouzov, A. A. Iakouchev, R. A. Pillar, S. V. Pouzitski ... ». (Car le Guépéou aux ordres de Staline « liquidait», après les avoir déshonorés, les tchékistes qui en savaient trop long.) Cependant ledit général regrette que deux lignes seulement (p. 263) aient rappelé le nom de Pouzitski, auteur de l'opération qui permit de capturer B. Savinkov. En effet, ce« commissaire de deuxième rang» de la Sécurité d'État, Serge Vassilievitch Pouzitski, avait en outre « brillamment mené l'opération pour arrêter (sic) Koutiépov et une série d'autres gardesblancs (...). S. V. Pouzitski fut décoré de deux ordres du Drapeau rouge et de !'Insigne d'honneur du tchékiste». Ce qui ne l'empêcha pas de périr, comme tant de ses congénères, de la main d'autres tchékistes qui, à leur tour, ont dû passer de vie à trépas lors de la « purge» suivante. Voilà donc une première information autorisée sur l'enlèvement du général Koutiépov. Attendons la suite.
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