Le Contrat Social - anno X - n. 4 - lug.-ago. 1966

252 tures par an (5 mai). Ils traitent en même temps avec Renault pour rénover leurs fabrications désuètes d'automobiles, comme ils avaient traité jadis avec Ford pour monter de toutes pièces les usines de Gorki (Nijni-Novgorod). Deux sociétés françaises signent un contrat prévoyant la construction de deux usines de pâte à papier (21 mai). Ensuite la firme Chausson en signe un pour la fourniture de g~o~outillag~ ~ux usi!1es de Gorki fatiguées (23 Juin). Aussitot apres, une autre société française conclut un accord pour construire une importante unité produisant l'essence à haut indice .d'oc~ane et le gas-oil (25 juin). Cela, en moins d un semestre. Pour la période antérieure, de nombreux exemples sont donnés dans Est et Ouest: articles « Les affaires sont les affaires» (n° 310 de décembre 1963) et « Putréfaction du capitalisme et socialisme triomphant» (n° 348 d'octobre 1965). Les dépenses correspondant à ces efforts tardifs d'industrialisation sont immenses et, n'étant couvertes qu'en partie par des exporta~ions soviétiques de matières brutes, elles exigeront de la Gosbank d'amples sorties d'or en barres. Aussi !'U.R.S.S. a-t-elle dû fonder deux succursales bancaires, à Beyrouth et .à Zürich. Loin de servir« d'arme secrète» pour précipiter la crise finale du capitalisme, comme l'annonçaient tant de ridicules « experts» de malheur dans la presse bourgeoise occidentale au temps de Staline, l'or communiste sert plutôt de stimulant à l'économie capitaliste, un peu à la façon des mines d'or de Californie au milieu du xixe siècle, dont Karl Marx a souligné l'action bénéfique (cf. aussi dans Est et Ouest, n° 308 de novembre 1963, l'article : « Le blé, l'or et le rouble»). Telles sont quelques-unes des réalités soviétiques actuelles, dans l'ordre de l'économie et de la technique. Elles ne ressemblent guère aux promesses des plans quinquennaux, ni du dernier programme communiste, ni de la jactance des héritiers de Lénine et de Staline. L'homme ne vit pas que de fusées. [L'accord commercial franco-soviétique de 1964 prévoit des fournitures de matériel valant 3 milliards 560 millions de nouveaux francs, livrables de 1965 à 1969 inclus. La moitié des commandes doit s'imputer aux deux premières années, leur prix étant de 1.780 millions. Mais jusqu'à présent, les 22 contrats obtenus ne totalisent que 583 millions. La Vie française du 6 mai dernier récapitulait comme suit ces commandes : Groupes de pompage (7 millions); installation de production de chlorure de polyvinyle (92 m.); usine de nitrate d'ammoniaque (55 m.); quatre usines de fabrication de lait en poudre et d' aliments pour enfants (54 m.); unité de produca ibliotecaGino Bianco -., LE CONTRAT SOCIAL tion de stratifiés plastiques (51 m.); ensemble de stations sismiques (10 m.); usine de production d'enzymatiques (15 m.); unité de granulation de noir de fumée (10 m.); installation de production d'ammoniac, le plus gros marché (123 m.); compresseurs (12 m.); onze usines de carton ondulé (59 m.); ensembles de machines textiles (17 m.); unité de traitement des ordures ménagères (18 m.); matériel et procédé de distribution de· carburant sur les aérodromes (18 m.); procédé de traitement de l'aluminium par électrolyse (17 m.); évaporateurs (17 m.); toiles métalliques pour machines de fabrication du papier (1,5 m.); pièces de rechange pour fabrication de pâte de cellulose (6,5 ·m.; 2 contrats faisant suite à une opération antérieure). On voit ainsi la variété extrême des besoins soviétiques et il faut savoir que l'Allemagne de l'Ouest et l'Italie dépassent de beaucoup la France comme fournisseurs de l'U .R.S.S., laquelle met largement à contribution d'autre part l'industrie de ses satellites : Allemagne de l'Est, Tchécoslovaquie, Pologne. Depuis ses premiers plans quinquennaux, réalisés avec le concours des États-Unis, de l'Allemagne, de la Suède, etc., le pouvoir soviétique ne cesse d'avoir recours au « capitalisme en putréfaction» qu'il vitupère et anathématise sans discontinuer.] Elections presque-parfaites LE 12 JUIN ont eu lieu des « élections» au « Soviet suprême» de « l'Union soviétique». Près de 140 millions de« citoyens» ont « voté» pour désigner leurs« députés» aux deux« Chambres» de ce « Parlement». Il faut des guillemets à chacun de ces termes dont aucun ne correspond à une définition admise dans le monde où les mots ont leur vrai sens. D'ailleurs on ne saurait traiter des questions ayant trait au communisme actuel sans recourir constamment ~ux guillemets, tant les notions et leur terminologie ont perdu en pareil cas leur signification véritable. Sans surprise aucune, on a su ensuite que 99,94 % des« électeurs» s'étaient rendus aux urnes P?Ur « élire» la list~ unique présentée par le Parti encore plus unique. Aux « élections» précédentes, le pourcentage s'était élevé à 99,95 %-Et dire qu'il existe de mauvais esprits assez dénués du « sens de l'histoire» et assez peu enclins à la « coexistence pacifique» pour contester le progrès énorme réalisé de Staline en Khrouchtchev et de celui-ci en Brejnev, progrès qui se chiffre déjà par 0,01 % ? Le progrès s'avère encore plus sensible si l'on songe que lors de certaines élections antérieures, plus-que-parfaites, Staline avait été

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