L/Expérience communiste ASPECTS DE L'AGRICULTURE SOVIÉTIQUE (1954-1965) par Basile Kerblay N ous ALLONS nous limiter dans ce· qui va suivre à l'évolution de l'agriculture soviétique pendant la période de 1954 à 1965, afin de nous centrer sur les problèmes actuels. Mais ce n'est pas sans regret que j'adopte cette optique, car il est très difficile de comprendre les problèmes agricoles d'un pays quelconque sans prendre de recul : tout ce qui touche à l'agriculture exige des délais assez longs en raison des facteurs biologiques et psychologiques qui ne peuvent pas subir de mutations rapides. Il faut trois années pour qu'un arbre donne des fruits ; il faut attendre bien davantage avant que les résultats d'un effort de sélection animale n'aboutissent. A plus forte raison, s'il s'agit de transformer une société traditionnelle, il faut tenir compte de la mentalité paysanne. En U.R.S.S., il y a une raison supplémentaire pour prendre du recul : c'est que - n1ême lorsqu'on étudie des périodes courtes - il faut en général attendre que le premier secrétaire du Parti soit mort ou destitué pour savoir ce qui s'est passé du temps où il était au pouvoir. On ne connaissait pas avec précision jusqu'ici les chiffres des récoltes des années 30 ; ce n'est qu'en 1964 que les Soviétiques ont publié pour la première fois les chiffres de la production agricole réelle 1 des années 1935-37 (par opposition aux chiffres de la récolte sur pied). Commençons par examiner les résultats en ce qu'ils ont de positif, car il y a eu des progrès ; mais il y a eu aussi des retards, ·sinon une crise en 1963. On ne peut non plus nier 1. I. V. Zélénine, in lstoriia SSSR, n° 5, 1964. Biblioteca Gino Bianco les difficultés puisque chaque année, depuis 19 5 3, un ou plusieurs plénums du Comité central ont. été consacrés à l 'agrict1lture ; mais avant d'analyser les causes des difficultés, il faut voir qu'il y a eu des progrès très réels dans certains domaines. .. On note, tout d'abord, un changement très sensible dans la répartition des cultures. En 1950, par exemple, la production des céréales occupait 70,3 % de la superficie, les cultures industrielles 8,4 ·% et les culfures fourragères 17 ,5 % . L'importance des céréales -traduit une structure encore prinlitive, leur part tendant à diminuer au profit des cultures fourragères dans une agriculture moderne. C'est ce que nous constatons en 1963 : les céréales n'occupent plus que 60,5 % des surfaces cultivées, les cultures four!agères et le maïs 44,5 % . .Un deuxième progrès qui, en général, n'est pas mis assez en lumière, c'est celui de la productivité, si paradoxal que cela · puisse .paraître.. Certes, en Union soviétique la productivité agricole est très basse ; mais de 19 50 à 1963 il y a eu une croissance sensible qui s'est accompagnée d'une diminution appréciable de la population agricole. Je n'utiliserai pas l'indice de la production agricole globale (faussé par la duplication qui se produit du fait que la production animale enregistre la valeur des fourrages déjà comptabilisée dans la produotion végétale), mais celui de la production végétale, qui ne souffre pas de cette déformation. La production agricole est passée de l'indice 100 en 19 50 à l'indice 1.39 en 1963 (on sait que l'année 1963 a été mauvaise), tandis que la superficie a augmenté de 49 % ; en revanche, les effectifs employés
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