Le Contrat Social - anno X - n. 4 - lug.-ago. 1966

210 · de centres industriels tels que Nijni-Novgorod, Toula, Pétrograd, Perm, Iaroslav!, Syzran [la participation de délégués de Moscou était passée sous silence], mais vérification faite, la conférence ne comprend pour ainsi dire pas d'ouvriers, à l'exception de deux ou trois personnes, la plupart étant des ouvriers dans le genre du leader menchéviste bien connu, le littérateur Abramovitch » (Izvestia des 24 et 25 juillet 1918). « Conférence des délégués de fabricants et d'usiniers », écrivaient encore les folliculaires de ce même journal en voulant faire de l'esprit. De leur côté, les juges d'instruction de la Tchéka inondaient les journaux d'informations selon lesquelles on avait trouvé sur les délégués des bijoux, d'importantes sommes d'argent, etc. N'en disons pas plus des artifices inventés par les bolchéviks pour transformer la dissolution de la conférence en victoire politique sur un adversaire dangereux et en même temps pour présenter celle-ci comme une piteuse entreprise. Iou. Stiéklov, qui dirigeait à l'époque les Izvestia, s'en prit aux s.-r. Démontrant que ceux-ci étaient en rapport avec les généraux, et les menchéviks avec les s.-r., il en concluait que les menchéviks devaient payer pour les généraux. Cette dialectique ahurissante aboutissait à ceci : tous ceux qui entraient dans l'opposition au pouvoir soviétique « se retranchaient de la Russie laborieuse », et « il ne restait qu'à en prendre acte ». La Tchéka s'empressa d'appliquer la consigne. Les délégués ne furent pas renvoyés devant le tribunal révolutionnaire, mais se virent condamner à des mois de prison, sans jugement, par simple décision administrative. On craignit un moment que les leaders du mouvement ne soient fusillés et dans la Réoublique d'Extrême-Orient (alors indépendante), il fut question de négocier l' « échange » d'Abramovitch, de Troïanovski et de quelques autres. Des pourparlers dans ce sens furent engagés avec les bolchéviks. Cela se passait en pleine terreur rouge, après l'attentat contre Lénine et l'assassinat d'Ouritski. Parmi les délégués arrêtés à la conférence (plus de quarante), figuraient un certain nombre d'ouvriers en vue, notamment A. Smirnov, Berg, V. Tchirkine, I. Volkov, Zamaraïev, Chpakovski, Borissenko, Voronovi tch, Bachkirov, Chestakov, Kochelev, qui, depuis longtemps, militaient dans le mouvement socialiste et syndical. De nombreux militants socialistes appartenant à l'intelligentsia et ayant pris une part active au mouvement aes délégués d'usine furent également arrêtés : parmi eux, R. Abramovitch, Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL G. Koutchine, A. Troïanovski, I.· Smirnov, lou. Deniké, l'auteur de ces lignes, etc. En juillet, les journaux d'opposition furent presque tous interdits. L'assassinat de l'ambassadeur allemand Mirbach par des affilié, aux s.-r. de gauche et l'insurrection de ces derniers suscitèrent des vagues de répression. En même temps, la révolte des Tchécoslovaques à Iaroslav!, Mourome, etc., les soulèvements paysans qui commençaient de-ci de-là, enfin la formation d'une armée populaire sur la Volga et la mobilisation des officiers blancs dans le Sud ouvraient une nouvelle page dans l'histoire de la révolution bolchéviste. La guerre civile continuait non seulement avec des armes politiques, mais avec des moyens militaires. L'effervescence qui, dans une conjoncture des plus complexe, s'était propagée au printemps et en été dans les milieux ouvriers, était condamnée à s'éteindre. GRÉGOIRE ARONSON. (Traduit du russe) A TOUS LES CITOYENS LETTRE OUVERTEDES DÉTENUS A LA PRISON TAGANKA, A Moscou AU SUJET DE L'AFFAIRE DU « CONGRÈS OUVRIER » Nous, membres de la Conférence des délégués d'organisations ouvrières indépendantes de différentes villes de Russie (Pétrograd, Moscou, Toula, Sormovo, Kolomna, Koulébiak, Nijni-Novgorod, Vologda, Biéjitsa, Orel, usine Botkine), arrêtés, alors que nous tenions notre deuxième séance, le 23 juillet, dans les locaux de la société Coopération, estimons qu'il est de notre devoir social de porter à la connaissance de tous les citoyens russes la protestation que nous élevons à propos des informati,ons mensongères et calomnieuses que les bolchéviks se sont permis ·de . publier les 24 et 2.5 juillet dans les Izvestia en profitant de ce que toute la presse libre est muselée et que nous, membres de la Conférence, languissons en prison dans des conditions de détention à peine croyables. Notre conférence n'était pas « une conjuration secrète révolutionnaire [contre-révolutionnaire ?] de gens aisés », d' « intellectuels », etc., mais une réunion de délégués d'organisations de la classe ouvrière préparée au vu et au su de toute la presse, y compris, la presse communiste. Assistaient à la conférence les délégués non pas de « fractions menchévistes et s.-r. », comme l'écrivent faussement les Izvestia, mais d'assemblées de délégués d'usine qui ont derrière eux des dizaines de milliers d'électeurs. La représentativité adoptée pour cette conférence était d'un délégué pour 5.000 ouvriers. Dans leur zèle policier, les Izvestia n'ont pas honte

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==