G. ARONSON démocrates et s.-r. furent élus contre 64 bolchéviks et à Rostov-sur-le-Don, 89 menchéviks et « sans-parti » contre 53 bolchéviks. A Sébastopol, 12.008 électeurs contre 3.442 marins se prononcèrent pour de nouvelles élections au soviet. A Sormovo, sur les 17.000 électeurs de ·l'usine de constructions mécaniques, 10.000 votèrent pour les menchéviks et les s.-r. A Bogorodsk, aux usines Bogatyr, les bolchéviks furent éliminés au profit des menchéviks. A Vitebsk, les social-démocrates et les s.-r. eurent la majorité au soviet. A Torjka, 100 menchéviks et s.-r. furent élus contre 60 bolchéviks: A Orel, Tver, Zlatooust, Roslavl, Louga et autres agglomérations industrielles, l'opposition l'emporta lors de la réélection des soviets, les bolchéviks essuyant un échec sévère. A Cronstadt même, les bolchéviks ne conservèrent que 53 sièges sur 131, les menchéviks obtenant la majorité auprès du collège électoral ouvrier. _Au printemps de 1918, D. B. Riazanov disait, mi-sérieux mibadin, à R~ Abramovitch : « La situation en Russie est aujourd'hui l'inverse de ce qu'elle était en octobre-novembre 1917. A l'époque, nous tenions les soviets et vous, le gouvernement ; aujourd'hui, nous tenons le gouvernement et vous les soviets. » Les bolchéviks n'allaient pas tarder à montrer que le pouvoir était entre leurs mains. L'ère de la terreur rouge approchait. La destruction des derniers foyers d'indépendance ouvrière était imminente. . •*.. TouT AU LONG de ces mois où l'état d'esprit politique des masses évoluait profondément, le pouvoir bolchéviste faisait le mort.· En réalité, il serrait les poings pour tomber à bras raccourcis sur le mouvement d'opposition ouvrière et l'abattre sans reculer devant le sang. Jusqu'à mai-juin 1918, les bolchéviks se bornaient, dans les milieux ouvriers, à des actes de répression plus ou moins improvisés, la terreur étant surtout dirigée contre les classes et collectivités « socialement ennemies ». Le fait d'avoir ouvert le feu sur la foule qui, en janvier, manifestait en faveur de l'Assemblée constituante, d'avoir dispersé, en faisant appel aux gardes-rouges, les assemblées de délégués aux usines Poutilov et Oboukhov, enfin d'avoir dissous les soviets locaux à majorité menchéviste et socialiste-révolutionnaire, indiquait que les bolchéviks n'avaient toujours pas arrêté leur tactique à l'égard des milieux prolétariens. Manifestement, l'unanimité n'était pas réalisée au Comité central. Il Biblioteca Gino Bianco 209 est en effet caractéristique que le comité per- · manent des délégués d'usine de Pétrograd ait eu une existence légale, qu'il ait pu lancer publiquement des appels et que les journaux qui paraissaient encore (en changeant constamment de titre) aient donné régulièrement, malgré une censure chaque jour plus sévère, les comptes rendus des assemblées de délégués d'usine. La perquisition opérée au siège du comité permanent de Pétrograd et l'arrestation de plusieurs délégués, l'arrestation, le 13 juin, des délégués à la conférence locale de Moscou ainsi que toutes sortes d'incidents analogues en province, annonçaient que l'heure de la répression approchait. Cette heure sonna fin juillet. A Moscou furent· arrêtés les délégués d'usine à la- conférence panrusse destinée à préparer un grand congrès d'ouvriers sans-parti pour lequel un bureau d'organisation était déjà formé. En faisaient partie les délégués des principaux syndicats : ·métallurgistes, cheminots, travailleurs du Livre, etc., de même que les délégués du P.O.S.D.R. (parti ouvrier social-démocrate de Russie), du parti socialiste-révolutionnaire ef du Bund. Ainsi, la conférence de Moscou ne put réaliser la tâche qui lui incombait : étendre, en généralisant l'expérience acquise, le mouvement d'opposition du printemps et de l'été 1918 et lui donner une forme politique. Le congrès ouvrier, lisons-nous dans un journal du temps, « devra poser dans toute son ampleur le problème général qe la politique de la classe ouvrière ». Mais la conférence venait tout juste d'élire son bureau et d'écouter les premiers rapports des délégués d'usine qq'elle fut dissoute, sans même avoir pu aborder les problèmes politiques qui figuraient à son ordre du jour. Ce qui n'empêcha pas la presse bolchéviste d'accuser la conférence, en se fondant sur de prétendus documents découverts sur les délégués arrêtés, d' << avoir lancé des appels à l'insurrection » et d'exiger que les fautifs soient traduits devant le tribunal révolutionnaire suprême. Les Izvestia s.,efforcèrent de discréditer la conférence soi-disant convoquée par les menchéviks « pour fausser la volonté de la classe ouvrière .( ... ), vaste .plan visiblement conçu pour combattre le pouvoir soviétique sous le couvert de desseins innocents ». Mais d'autre part, ·craignant de donner au lecteur l'impression qu'il s'agissait là d'un fort mo_uvernent d'opposition dans les milieux ouvriers, Jedit journal s'évertua à tourner les délégués en dérision : « A première vue, on aurait pu croire qu'il y avait là des délégués d'entreprise
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==