208 · la répression, les autorités firent ·arrêter deux membres de la délégation de Pétrograd, Krakovski et Kouzmine. Une partie de la délégation· était à peine rentrée à Pétrograd qu'à Moscou le mouvement local des délégués d'usine fut démantelé. Le 13 juin, tous les membres de la conférence qui se tenait au dépôt de chemin de fer d'Alexandrovsk furent arrêtés, y compris un certain nombre de délégués de Pétrograd, Briansk et Toula, soit au total 56 délégués d'usine, tous ouvriers, à l'exception de 6 ou 7 intellectuels. Parmi les personnes incarcérées se trouvaient également quelques initiateurs du mouvement à Pétrograd · tels- que Koutchine, Kefal, Troïanovski. Ces arrestations eurent des répercussions immédiates à Toula : après des heurts violents entre autorités et travailleurs, un comité de grève fut formé et une grève de protestation décidée pour les 18-20 juin en vue d'obtenir la mise en liberté des ouvriers emprisonnés. D'une manière générale, surtout à partir d'avril, le mouvement d'opposition prit en province une ampleur croissante. Mais il ne se cristallisa pas partout autour des comités permanents de délégués d'usine : en maints endroits, l'opposition se manifesta au cours des nouvelles élections aux so.viets, la majorité allant aux menchéviks et aux s.~r.· Le printemps et l'été de 1918 furent, en province, une période des plus agitée. Dans un certain nombre de localités, la population entra en conflit avec les comités révolutionnaires et les commissaires politiques, voire avec les soviets à majorité bolchéviste (Riazan, Orel, etc.). On n'en :finirait pas d'énumérer les villes où,,le pouvoir soviétique s'illustra par des actes de répression sanglante. Bornons-nous à citer des agglomérations telles que Zlatooust, · Syzran, Biély, Toula, Balachov, Kalouga, _Koursk, Rybinsk, Vitebsk, Kiev, Ijevsk, Tambov. Voyons brièvement la situation dans . de grands centres industriels. A Kolorima, un meeting, ténu le 25 mai, auquel assistaient environ 10.0_00 personnes, décida d'adhérer au mouvement des délégués d'usine. Les 26 et 27 mai, ~e nombreuses. arrestation~ ft;irent opérées. Les ouvriers des . usines__loc~le~ se mirent en grève·3 •· A Toula, où q.epuis lé-~ jui11 la ratiori··quotidienne de pain était réçlui~eà. üQ huitième de livre, des échauffouré~s avec la police se produisirent.· L'assemblée des .délégués ouvriers déçida de boycotter le soviet. 3, Novala Jizn (la Vie no1,1velle),4 Juin•1918. · · · Bibliofeca Gino Bianco \ LE CONTRAT SOCIAL L'état ~e siège fut proclamé. Les arrestations commencèrent. Des· grèves éclatèrent•. A Sormovo, après la fermeture des journaux inerichévistes et .socialistes-révolutionnaires, 5 .000 ouvriers cèssèrent le travail. Il y eut des hèu~ts avec la police pendant tout le mois de· juin. La conférence des délégués d'usine ·(les · 180 délégués présents représentaient 40.000 travailleurs· des provinces de Nijni-Novgorod..et de Vladimir) fut dissoute· par -la .force armée. Il y. eut cinq blessés. Une grève de protestation commença le 18 juin. « Le ·pouvoir n'a plus confiance dans le peuple, disait un appel à la population. Il aggrave la situation déj~ très dure du pays. » · Les revendications soumises aux électeurs étaient les suivantes·: « Démis-/ sion immédiate du Conseil des commissaires du peuple, réouverture de l'Assemblée constituante, garantie des libertés, indépendance du mouvement syndical » 5 • En province, les assemblées .ouvrières prirent; en juin, une tournure politique sensiblement plus extrémiste. A Kline, une motion demandait la démission du Conseil des commissaires du peuple. A Penza, les cheminots émirent une protestation contre la dissolution de l'Assemblée constituante. A Rybinsk, à la conférence des syndicats, les bolchéviks recueillirent 28 voix sur 248. A l'usine Botkine, une motion,. fut votée en faveur de l'Assemblée constituante. A ·Odessa,· Kharkov, Kiév (jusqu'à fin mars, avant l'occupation allemande), il y eut des grèves de protestation contre la répression bolchéviste. La presse se faisait l'écho du succès obtenu à Saratov par· les discours de M. Liber, un des dirigeants des soviets lors de la révolution de Février. En d'autres centres industriels depuis ·longtemps acquis aux bolchéviks, leur influence déclinait; à· Ivanovo-Voznessensk notamment, les effectifs bolchévistes étaient tombés de 7.200 à 700. ' La désaffection des ouvriers vis-à-vis des bolchéviks et le changement profond de l'état d'esprit politique devinrent plus manifestes lors -de -la réélection des soviets locaux. Presque partout, les bolchévik~, récemment encore· m~îtres ~es consei,s mu~icipaux, durent céde.t:. la place aux mench~viks et-a~x s.-r. A Ryl:,insk; 7 5 % des voix. ~e_p· ortèrent s:ur ce~-ci. A K 1 · ' l' · d · ' · _~--p1no_, ,-a. usine . e_.construçt1ons ::~~can~_-: ques, 50- % des voix-allèrent aux ·men~héviks_._: Ceux-ci obtinrent la majorité à Briansk, ~ l'usine Maltsev, à Biéjitsa. A Ijevsk, 70 ·social4. Ibid. ··. 5. Ibid. ., . ,
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