V. M. ALBERT rières. et d'ateliers de réparations. Les jeunes brûlent d'avoir un club où ils puissent se réunir le soir pour se détendre » (Pravda, 8 juillet 1965). La situation est identique dans de nombreux villages du centre de la R.S.F.S.R., de Biélorussie et d'Ukraine. Les services publics y font presque entièrement défaut, ce qui oblige les gens à faire des dizaines de kilomètres pour se procurer les choses les plus simples (ibid.). Or, quand on sait que la plupart des kolkhoziens travaillent de l'aube au crépuscule (Pravda, 30 juin 1965) et que la grande majorité des maisons paysannes ne disposent pas de l'électricité, il faut avouer que le kolkhozien ne peut guère satisfaire ses besoins essentiels. En fait, même s'il en a la possibilité théorique, il n'a probablement pas le loisir d'entreprendre de longues tournées d'achats car, durant les mois d'été, le jour dure de 18 à 19 heures sur presque tout le pays. Selon la même source, des milliers de kolkhozes n'ont pas l'électricité dans les bureaux, les infirmeries, les écoles, les clubs, les magasins, les entrepôts et les fermes. L'électrification des locaux d'habitation, dans les kolkhozes, n'est pas moins insuffisante ; lorsque électricité il y a, c'est dans un petit rayon autour des grandes villes et des centres industriels. « Aujourd'hui encore, 8 % des kolkhozes manquent d'énergie électrique ne seraitce que pour éclairer les lieux de production » (ibid., 17 sept. 1965). LES DÉCLARATIONRSÉPÉTÉESdes dirigeants et le récent rapport du Bureau central de la statistique révèlent que la production de nombreux articles de consommation est loin d'atteindre le minimum requis pour satisfaire les besoins de la population. M. Lemissov, chef du syndicat russe des sociétés de biens de consommation, lesquelles desservent plus de 50 millions de ruraux, écrivait dans les Izvestia ( 3 juin 1965) que « le commerce rural est visiblement en train d'étouffer » : la demande en articles tels que les chemises de travail pour homme n'est satisfaite que pour moins de la moitié et « pour beaucoup moins encore en ce qui concerne de nombreux modèles de vêtements et de chaussures de travail ». La situation est apparemment la même en ce qui concerne nombre d'autres articles. T. Gromova et G. Voronina, reporters de la Komsomolskaïa Pravda, se sont intéressées aux différentes catégories d'acheteurs qui hantaient certains magasins de la capitale. Elles découvrirent que nombre d'entre eux étaient des kolkhoziens montés à BibliotecaGino Bianco 35 Moscou à seule fin de faire des emplettes. Quelques-uns venaient de Voronej, de Saratov et de Stalingrad : Se rendre à l'autre bout du pays pour se procurer des marchandises nécessaires, mais généralement insignifiantes (...), est choquant, insensé et dégradant ( ...). << On ne peut rien y faire », expliquent les fonctionnaires du ministère du Commerce de la R.S.F.S.R. et les spécialistes des sovkhozes... (Kom. Prav., 21 avril 1965). Un correspondant de la Pravda du nom d'Antonov effectua une enquête à la suite de plaintes adressées par les clients ruraux des magasins de l'oblast de Riazan. Passant en revue les marchandises disponibles dans le village de Boulgakova, il écrit : Beaucoup de gens viennent au magasin, mais les marchandises ne roulent guère. Pourquoi? On jette un coup d'œil sur l'assortiment. C'est maigre à l'extrême. Il n'y a de disponible que sept articles. Faites votre choix (Pravda, 28 avril 1965). Antonov ajoute qu' « à la campagne, nombre de magasins ont pratiquement cessé de vendre des produits manufacturés ». Certains ont dû fermer leurs portes. Par exemple, au village de Tsaritsyne, on ne pouvait « même pas trouver un simple crayon d'écolier » avant que le magasin disparaisse (ibid.). Ceux qui participèrent à la tribune ouverte par la Komsomolskaïa Pravda déploraient souvent que des marchandises de deuxième qualité, des laisséspour-compte et des articles invendables dans les villes soient délibérément réexpédiés dans les régions rurales. En outre, ainsi que le Comité central du Parti l'a révélé au mois de mars, l'Etat,. pour les mêmes produits, fixe des prix plus élevés dans les secteurs ruraux qu'à la ville. LES LETTRESdes lecteurs citées dans l'enquête expriment souvent l'opinion que, à l'encontre du programme du parti communiste soviétique qui se propose de réduire progressivement les différences existant entre la ville et la campagne, « ces dernières années on a pu observer une sorte d'éloignement de la ville et de la campagne ». Le kolkhozien devient de plus en plus un « citoyen de deuxième ordre », et « il y a des endroits où traiter quelqu'un de kolkhozien équivaut à une insulte ». Pour certaines catégories sociales telles que les ouvriers en salopette, les ouvriers à col blanc et l'intelligentsia, le terme est employé de manière péjorative pour souligner le retard culturel d'une personne (Komsomolskaïa Pravda, 17 et 31 juillet, 13 août 1965). On a vu des cas où, en s'installant dans une ville, de jeunes villa-
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