34 de maison de la culture (...). Plus de 9.000 villages de plus de 500 personnes n'ont pas de club (...). Comme ce fut toujours le cas, de nombreux villages continuent d'offusquer la vue (Kommounist, 1965, n°· 3, pp. 8485). Selon le Kommounist, plus de 6.500 communautés n'ont pas de cinéma, faute d'appareils de projection. Dans les clubs ruraux les mieux organisés, les « bases matérielles de la culture » sont presque inexistantes. Ils ne disposent pas tous d'une bibliothèque, et dans le meilleur des cas les livres disponibles sont en nombre limité. En R.S.F.S.R., un club de village sur trois n'a pas la radio. La plupart n'ont pas de piano, et un sur cinq n'a même pas d'accordéons ni d'harmonicas (ibid.). La situation est encore pire dans les régions rurales les plus reculées du pays. Molodoï Kommounist (le Jeune Communiste, 1965, n ° 8, p. 61), par exemple, outré de la « pauvreté choquante » des clubs de la République autonome tchouvache, révèle que « les 339 clubs de la République ne disposent que d'un seul jeu d'instruments à cuivre et de trois pianos ». Or le manque d'argent pour acheter des instruments de musique dans les kolkhozes et les sovkhozes n'est pas seul en cause. Chaque club, sur son budget, dispose d'une certaine somme désignée sous le nom de « fonds culturels » qui se monte en moyenne à 2 % des dépenses prévues. Très souvent, la somme affectée à ce poste ne suffit pas à acheter l'équipement nécessaire. En outre, le trésorier étant tenu de dépenser tout l'argent de la manière expressément mentionnée, les « fonds culturels » sont souvent employés à tort et à travers. Ainsi, afin de dépenser les fonds réservés à la culture et à l'éducation, le village de Vassilevka, dans l'oblast de Volgograd, employa 5.400 roubles à l'achat de vodka, de bière et de saucisses : chaque kolkhozien adulte reçut pour sa part une bouteille de vodka, quatre litres de bière et 600 grammes de saucisse. Toutes ces gâteries furent distribuées, sous un tonnerre d'applaudissements, à une réunion des travailleurs des kolkhozes, cela « afin de satisfaire leurs besoins intellectuels grandissants ». Les moniteurs du Komsomol Kondrachenko et Koutsev déclarèrent avec colère que le cas « était loin d'être une exception » (ibid.). Le Kommounist (1965, n ° 3, p. 84) reconnaît que les plans concernant la construction de clubs sont constamment sapés du fait que le Gosplan, « en règle générale, ne fournit pas les matériaux -destinés à la construction rurale ». L'équipement culturel des campagnes est loin de valoir celui des villes Bib•liotecaGino 'Bianco --~ \ L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE on manque d'écoles et de maîtres. Même lorsqu'ils sont très jeunes, les élèves doivent souvent interrompre leurs études pour donner un coup de main à des travaux tels que le repiquage ou la moisson. Si bien que, dans les régions rurales, des millions d'adultes n'ont même pas terminé leur cycle secondaire « obligatoire » (ibid., p. 83). Dans les campagnes, les services publics sont notoirement insuffisants. Ateliers de réparations, bains publics, boutiques de tailleur et blanchisseries, salons de· coiffure et même restaurants et cafés sont presque inexistants. Les statistiques soviétiques ne fournissent pas de chiffres globaux sur la question, mais les sources indirectes permettent d'en apprendre beaucoup. Par exemple, la Literatournaïa Gazeta affirmait le 22 juillet 1965, en se fondant sur des statistiques : Dans les villes, les services publics, boutiques de tailleur, restaurants, ainsi que tout l'arsenal des services techniques n'accomplissent que 5 % du travail, le reste, soit 95 %, étant fait à la main par les femmes. Qui plus est, en donnant ces chiffres, les statistiques ne précisent pas la manière dont le travail est fait. Or cela aussi a son importance. Telle est la situation dans les villes, mais, comme la Pravda du 16 juillet 1965 le déclarait, « les services publics à la campagne retardent de loin sur ceux de la ville ». Le Kommounist (1965, n° 3, p. 82) caractérisait ce retard comme suit : Chaque ruràl, en R.S.F.S.R., dispose de six fois moins de services publics qu'à la ville, au Kazakhstan de qua~re foi_smoins, et au Turkmenistan jusqu'à dixsept fois m01ns. Nombre de ruraux ne peuvent faire réparer leurs ustensiles de ménage ou leurs chaussures. Presque partout, ils manquent de prestations de servi~es élé;111entairestels que blanchisseries, tailleurs et temturer1es. _ En d'~utres termes, pour tout le pays, les services publics ne peuvent satisfaire que moins de 1 % des besoins de la population rurale. « Dans certairtes régions, un seul atelier de réparations dessert 25 à 40 centres de· population » (ibid., p. 81). Les kolkhoziens de Iakhchitépé, en Ouzbékistan, se plaignent à la Pravda que leur village, qui compte plus de 500 personnes, n'a ni école, ni hôpital, ni magasin, nj club, bref rien qui puisse satisfaire les besoins quotidiens. « · Pour acheter des articles essentiels comme le savon,. le sel, les allumettes, etc., les gens de Iakhchitépé doivent faire huit kilomètres par de mauvaises routes. Le village n'a ni bain public ni salon de coiffure. Les mères rêvent de jardins d'enfants et de crèches, de coutu-
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