32 de la Cour internationale. Depuis lors, les Anglais se sont fort peu souciés des Albanais, et c'est sans enthousiasme aucun qu'ils ont reçu récemment une mission commerciale envoyée par Tirana. L'Italie, elle, n'est pas restée indifférente ; elle s'est même montrée secourable. Elle tient à ce que l'Albanie reste séparée à la fois de Moscou et de l'Occident pour que le canal d'Otrante - la porte de l'Adriatique - ne soit pas contrôlé par une grande puissance. Les Italiens, satisfaits de voir les sous-marins soviétiques rentrer chez eux en 1961, négocièrent rapidement un accord qui doublait le commerce avec l'Albanie, le portant à 8 millions de dollars par an. En 1964, l'Italie a élevé sa mission diplomatique à Tirana au rang d'ambassade. Cependant, Enver, au souvenir des années où l'Italie faisait la loi en Albanie, ne se sent pas non plus libre de trai t~r avec Rome. Ce qu'il préférerait, ce serait de renforcer ses relations avec la France, qui n'a jamais occupé, dominé ou insulté l'Albanie. Suffisam1nent éloignée pour ne pas éveiller ses sentiments xénophobes, assez puissante pour être d'un secours considérable et assez indépendante · pour ne pas augmenter encore les difficultés d'Enver avec ses nombreux ennemis, la France est le genre de protecteur qu'il souhaite. De plus, il admire la culture française depuis ses années d'études. Le nouveau ·représentant de la France, arrivé à Tirana il y a quelques mois, a été accueilli avec une cordialité inconnue des BibliotecaGino Bianco .., \ L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE diplomates occidentaux depuis vingt ans. Mais sans doute le général de Gaulle n'estime-t-il pas que l'Albanie soit digne d'attention, car il n'a pas répondu aux ouvertures d'Enver. Bref, selon toute vraisemblance, l'Albanie restera un sinistre îlàt de misère tant qu'Enver · continuera de régner. Comme il n'a que cinquante-six et qu'il est en excellente santé, cela peut durer longtemps. Il y a peu de chances qu'il soit déposé : il a réussi à se maintehir alors qu'un Souslov, un Tito étaient voués à sa perte. Il tient bien en main l'armée et la police secrète, et il a su écraser toute opposition. Sans prendre aucun risque, il vit dans une forteresse entourée de hautes murailles dans un quartier de Tiraha ceinturé de fils de fer barbelés et que nul ne peut approcher. Même si quelque chose devait arriver à Enver, ceux qui sont le mieux placés pour recueillir sa succession - le président du Conseil Mehmet Chehu, cinquante-deux ans, et le ministre des Affaires étrangères Behan Chytlla, quarante-six ans - ont des raisons de partager la plupart de ses craintes ; on ne peut raisonnablement penser qu'ils pourraient agir de manière tant soit peu différente. Par conséquent, à moins d'un miracle politique, le peuple albanais ne peut s'attendre qu'à une aggravation de la bureaucratie bornée, de la brutalité et de la misère qu'il connaît maintenant depuis vingt ans. NICHOLAS GAGE. (Traduit de l'anglais) ..
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